Les feuillages panachés fascinent par les contrastes de couleurs qui cohabitent sur une même feuille. Blanc, crème, rosé, jaune ou argenté se mêlent au vert pour créer des effets lumineux très utiles au jardin. Mais d'où vient ce phénomène et comment en prendre soin ?
Pour obtenir des feuilles panachées, les végétaux doivent mêler, sans d'ailleurs vraiment s'en rendre compte, le pigment vert photosynthétique de la chlorophylle à d'autres pigments végétaux sous-jacents. Tour de force bien plus subtil que de mélanger de la bière et de la limonade, soit dit en passant aux bistrotiers.
Un peu de panache que diable !
La panachure résulte d'une absence partielle de chlorophylle dans le limbe de la feuille. Les zones dépourvues de ce pigment vert en révèlent d'autres, habituellement cachées par lui, comme les anthocyanes, roses ou pourpres, ou les caroténoïdes, dont les xanthophylles, qui donnent les couleurs jaunes ou dorées. Lorsque la zone est dépourvue de pigment, la panachure devient blanche. Cette particularité a plusieurs origines, la plus fréquente étant la mutation spontanée, que les horticulteurs repèrent et multiplient par bouturage. De nombreuses espèces de plantes se déclinent en versions panachées. Pour les distinguer, on ajoute à leur nom botanique une extension latine (variegata, marginata, reticulata, striata, maculata…) ou anglaise, pour les cultivars modernes (gold, silver, cream, etc.).
Selon la couleur, une exposition différente
Les panachures blanches ou crème redoutent le soleil direct qui les brûle. Ces plantes tolèrent mieux la mi-ombre et l'ombre. Paradoxalement, trop de soleil peut aussi les faire reverdir par mécanisme de protection. À l'inverse, les panachures pourpres, jaunes ou dorées nécessitent une bonne luminosité, voire du plein soleil, pour conserver leur intensité. À l'ombre, elles virent au vert citron terne.
Le problème de la réversion
La réversion, qui correspond au retour du feuillage vert, est l'ennemi numéro un des plantes panachées. En effet, les parties vertes, produisant davantage de chlorophylle, sont génétiquement plus fortes et finissent par envahir toute la plante. Les éléagnus panachés sont des spécialistes de la chose. Il faut donc impérativement supprimer à la base toute pousse verte dès son apparition.
Ralliez-vous à leur panache !
Les plantes panachées apportent de la couleur sur une période plus longue que les floraisons, en particulier pour les plantes à feuillage persistant (Photinia fraseri « Pink Marble », fusain doré du Japon, Pittosporum tenuifolium pourpre « Tom Thumb », etc). Ce sont de précieuses alliées pour illuminer les zones d'ombre, leur feuillage clair qui capte la moindre lumière créant des points lumineux permanents (Aucuba japonica « Crotonifolia », Hosta fortunei « Aureomarginata »). Mais il ne faut pas en abuser au risque de créer un effet bariolé fatigant pour l'œil : n'installez pas plus d'un tiers de plantes panachées dans un massif. Utilisez-les par petites touches pour attirer le regard.
Aux petits soins
Évitez les engrais riches en azote qui favorisent le verdissement et préférez un engrais à libération lente ou du compost. Les plantes panachées, disposant de moins de chlorophylle, poussent généralement moins vite et se montrent parfois plus fragiles : soyez plus généreux sur l'arrosage et l'amendement s'il le faut.


