L'urine est un engrais à haute valeur ajoutée pour les plantes du jardin. Riche en azote, elle contient également de nombreux éléments minéraux que l'on retrouve dans les produits fertilisants du commerce. On dit même que chaque jardinier gaspille près de mille euros d'engrais par an dans ses toilettes !
Certes, le sujet n'est pas très poétique. Mais il faut savoir qu'à l'instar des amendements issus d'excréments animaux (fumier, guano…), nos petites et nos grosses commissions ont des propriétés fertilisantes. Libre à chacun de les noyer dans l'eau potable de nos chasses d'eau afin qu'elles aillent encombrer les stations d'épuration, ou de préférer les valoriser dans son jardin. Le sujet est délicat car la société française n'est malheureusement pas éduquée pour aborder sereinement un tel débat. La preuve, à peine l'introduction de cet article terminée, on a sans doute déjà dû perdre la moitié des lecteurs !
Un véritable engrais
L'urine, c'est de l'urée, une ressource riche en azote que l'on retrouve à la base de nombreux engrais azotés du commerce. Un litre d'urine contient environ six grammes d'azote pur, mais aussi un gramme de phosphore, et deux grammes de potassium. Elle est également chargée en différents éléments minéraux dont les plantes se nourrissent, comme le magnésium, le soufre, le chlore ou le sodium… Ainsi, l'indice NPK de l'urine est proche de celui de beaucoup d'engrais organiques azotés : 6.1.2. Assimilable par les plantes après seulement une quinzaine de jours de minéralisation dans le sol, l'urine est un engrais qui nourrit directement les végétaux, et non pas un amendement qui structure le sol, comme le sont nos fèces.
Les conditions d'utilisation
Afin d'éviter les pollutions par les nitrates, il est important que l'urine soit utilisée en association avec de l'humus, c'est-à-dire du compost mûr. Celui-ci permet son stockage dans le sol, la libération rapide de l'azote qu'elle contient et la dégradation naturelle des éventuels résidus médicamenteux. De plus, il bloque les odeurs désagréables qui s'en dégagent à cause de son oxydation par l'air. Prévoyez donc d'associer systématiquement l'équivalent d'un litre d'urine (diluée ou non) avec un litre de compost mûr.
La méthode d'utilisation
Généralement on distingue deux manières d'utiliser l'urine :
- À l'état pur, on peut épandre une quinzaine de jours avant les plantations, un litre d'urine en association avec un litre de compost mûr, étalé et incorporé au sol par mètre carré. Pour les plantes gourmandes en azote, vous pouvez utiliser jusqu'à cinq litres d'urine pure (associés à cinq litres de compost) par mètre carré et par an.
- À l'état dilué (à 20 %), sous la forme de vingt centilitres d'urine mélangés à un litre d'eau. Toujours en association avec un litre de compost mûr épandu sur le sol, on peut utiliser ce mélange tous les quinze jours en tant qu'engrais, du printemps jusqu'à la fin de l'été. Sur les sols couverts par un paillis permanent, où la teneur en humus est élevée, on peut se passer de l'association avec le compost mûr.
Le problème du stockage
Le stockage de l'urine en bidon pose un problème peu ragoûtant d'odeurs dès lors qu'elle se retrouve en contact avec l'air durant plus de vingt-quatre heures. Une solution efficace consiste à ajouter une cuillerée à soupe de vinaigre blanc par litre d'urine pour les bloquer totalement.
