Face à la dématérialisation des supports et à la multiplication des plateformes de streaming, le Blu-ray fait de la résistance et croit encore à sa bonne étoile. Le lancement d'une génération ultra HD pourrait bien lui donner un second souffle.
L'ère du support physique semble inévitablement toucher à sa fin. Le CD continue sa lente disparition, le DVD, même s'il reste le support préféré des Français, fuit de toute part. Entre 2011 et 2016, le DVD a ainsi reculé de plus de 16 % par an et les ventes ont été divisées par deux. Le Blu-ray, lui, voit ses résultats fondre comme neige au soleil à hauteur d'environ 10 % par an depuis 2013, après quelques premières années encourageantes. D'une manière générale, le marché du support vidéo physique a reculé de 17 % en 2011, de 14 % en 2014 et de 15 % en 2015. Inutile de dire que les oiseaux de mauvais augure s'en sont donné à cœur joie et prédisent inéluctablement la fin de ce mode de consommation des films. Si le téléchargement illégal est certainement à l'origine de cette lente agonie, la multiplication des plateformes légales, comme Netflix, ou la densification de l'offre VOD par l'ensemble des acteurs portent aujourd'hui le coup de grâce. À ce tableau déjà sombre, s'ajoute l'ombre inquiétante de l'internet à très haut débit qui, de plus en plus massivement apporté dans nos foyers via la fibre optique, ne devrait faire qu'accélérer le processus. Avec un temps de téléchargement de plus en plus court, plus aucun rempart ne séparera le spectateur de ses films préférés qu'il pourra directement télécharger après les avoir achetés en ligne. Pour autant, les professionnels de la vidéo n'y trouvent pas leur compte et le développement de la VOD ne vient en rien compenser la perte du chiffre d'affaires occasionnée par la disparition de la VHS, l'effondrement du DVD et l'échec du Blu-ray. Il n'est dès lors pas étonnant de voir les industriels miser sur un nouveau format, l'ultra HD, pour reprendre des couleurs sur ce marché moribond.
Le bon moment
Après l'échec cuisant de la télévision 3D, les constructeurs d'écrans se sont vite rabattus sur la course à la définition comme principal argument de vente. Ainsi, le 4K, de la première caméra HD venue à l'APN, en passant par le dernier téléviseur Samsung ou par l'ultime version de la plupart des boxes internet, est sur toutes les langues. Or, l'utilisateur pionnier s'aperçoit très vite que les contenus ultra HD manquent cruellement au catalogue. Et c'est là qu'intervient la nouvelle génération de Blu-ray. Quelques disques ont déjà commencé à trouver le chemin des étals high-tech et le premier lecteur est sorti il y a quelques jours. Bien sûr, comme c'est le cas à chaque fois qu'une technologie naissante apparaît sur le marché, l'équipement reste encore cher. Mais les professionnels ne devraient pas garder très longtemps les prix hauts sous peine de voir se répéter l'histoire du Blu-ray classique. Ainsi, Samsung propose d'ores et déjà un lecteur (UBD-K8500) à 500 €, tandis que Panasonic vise clairement le marché haut de gamme avec sa proposition à 900 €. UN prix que le constructeur justifie par sa certification THX, ses sorties audio analogiques 7.1 haute résolution et sa fonction d'upscaling chromatique qui améliore les couleurs. La chose est claire : le Blu-ray Ultra HD se destine principalement aux cinéphiles.
Accorder ses violons
Et pour cause ! Le format ne se contente pas de multiplier par quatre le nombre de pixels, comme c'est le cas du streaming 4K. Le Blu-ray ultra HD mise aussi sur la HDR (High Dynamic Range), que les amateurs de photographies connaissent bien, pour proposer une gestion des couleurs à couper le souffle. Mieux les noirs et les blancs sont désormais gérés à la perfection. Auparavant, lorsqu'une scène de film présentait à la fois des lumières blanches intenses et des noirs profonds, le dispositif de lecture devait faire un choix : rendre les noirs pâles ou « griser » les blancs. Avec l'ultra HD, ce dilemme ne se pose plus. Si l'on ajoute à cela un taux de rafraîchissement de 60 images par seconde, on obtient un format de qualité totalement inédite. La capacité de diffuser des contenus en très haute définition est donc désormais une réalité. Mais encore faut-il que le contenu suive : les premiers films, de Mad Max : Fury Road à Seul sur Mars, par exemple, malgré leur label « UHD », n'ont pas été tournés en 4K et ne rendront ainsi guère hommage au format… De plus, pour profiter de cette nouvelle technologie, il faut bien évidemment un lecteur, mais aussi un téléviseur 4K. Tous les grands noms du secteur en proposent en entrée de gamme aux alentours de 700 €. Mais attention, ces téléviseurs ne supportent pas nécessairement la HDR et il faut compter environ 1 000 € pour des modèles compatibles avec ce format. Le Blu-ray UHD est ainsi porteur de nombreuses promesses, mais sa réussite reste très incertaine. Les oiseaux de mauvais augure pourront encore allégrement annoncer le chant du cygne.