Face à l'explosion des cyberattaques et à un climat économique incertain, la cybersécurité s'impose comme un enjeu majeur pour les entreprises françaises. Entre inquiétudes croissantes, arbitrages stratégiques et dynamisme de l'écosystème national, le secteur doit composer avec des défis inédits pour assurer sa pérennité et sa compétitivité, comme le révèle un récent rapport de la BPI.
En 2025, la cybersécurité s'impose plus que jamais comme la préoccupation majeure des entreprises françaises, reléguant au second plan les inquiétudes liées aux tensions géopolitiques et aux soubresauts du commerce mondial. Face à une vague continue de cyberattaques, l'écosystème national de la sécurité numérique connaît une mutation rapide : les nouveaux acteurs redoublent d'ingéniosité, tandis que le marché se montre plus sélectif et exigeant. Entre montée en puissance de l'intelligence artificielle, consolidation du secteur et nécessité d'exporter au-delà des frontières, la France tente d'affirmer sa place dans un paysage international en pleine recomposition. C'est en tout cas ce que met en avant le dernier rapport annuel de BPI France, sorti le 13 juin dernier.
Au centre des préoccupations
La cybersécurité occupe désormais le sommet des préoccupations pour les dirigeants d'entreprises françaises, en particulier dans les ETI. Huit patrons sur dix se disent « inquiets » ou « très inquiets » face à l'ampleur des risques numériques, loin devant les préoccupations liées aux tensions commerciales ou géopolitiques. Cette anxiété trouve son origine dans la multiplication des cyberattaques : entre 2023 et 2024, l'Agence nationale de la sécurité des systèmes d'information a recensé une hausse de 15 % des incidents de cybersécurité, un chiffre qui ne semble pas près de décroître. Les PME et ETI, souvent moins bien armées que les grands groupes, paient un lourd tribut : elles représentent plus d'un tiers des victimes de rançongiciels, ces logiciels malveillants qui paralysent l'activité ou menacent la réputation des sociétés, tout en générant d'importantes pertes financières. Dans ce contexte, la gestion du risque cyber n'est plus un sujet technique réservé aux experts, mais s'impose comme un enjeu stratégique pour la pérennité même des entreprises.
Sur tous les fronts
Si la cybersécurité s'impose comme la priorité, le climat économique et géopolitique demeure pourtant morose pour de nombreuses entreprises françaises. Les tensions commerciales, la montée des droits de douane et les incertitudes sur les marchés mondiaux pèsent sur les perspectives, mais ces préoccupations restent secondaires pour la plupart des dirigeants, en particulier ceux dont l'activité à l'export reste limitée : plus d'une ETI sur deux réalise moins de 5 % de son chiffre d'affaires hors de l'Hexagone. Si certains groupes spécialisés et fortement internationalisés, souvent positionnés sur des niches, se montrent plus résilients, la faiblesse persistante de la demande en France et en Europe freine les ambitions de croissance.
Un écosystème qui surnage
Dans ce contexte tendu, l'écosystème français de la cybersécurité affiche une vitalité remarquable, tout en affrontant des défis inédits. Les start-up du secteur, dopées par les investissements publics et privés, poursuivent leur course à l'innovation, particulièrement dans les domaines de l'intelligence artificielle, de la détection des menaces ou de la souveraineté numérique. Pourtant, la croissance du secteur n'échappe pas aux contraintes du moment : les levées de fonds marquent le pas, et les investisseurs se montrent plus sélectifs, exigeant des preuves de rentabilité rapide et des modèles d'affaires solides. La concurrence internationale, notamment venue d'Israël et des États-Unis, contraint les jeunes pousses françaises à accélérer leur développement à l'export et à miser sur les alliances stratégiques. Malgré ces vents contraires, l'écosystème tricolore fait preuve d'une résilience certaine, à l'image de sociétés comme Tehtris, Gatewatcher ou HarfangLab, qui parviennent à tirer leur épingle du jeu et à s'imposer sur des marchés de plus en plus disputés.