Qualcomm, le spécialiste des processeurs mobiles, lance une nouvelle norme de charge rapide, la Quick Charge 5. De quoi recharger un smartphone disposant d'une batterie de 4 500 mAh en 15 minutes.
Face à la stagnation technologique des batteries au lithium, les fabricants d'appareils nomades doivent innover. Aujourd'hui, la taille de la batterie, principale source d'autonomie supplémentaire, n'est pas extensible à l'infini, l'encombrement étant un critère majeur. Les derniers smartphones proposent, certes, des accumulateurs de plus en plus puissants, dépassant les 5 000 mAh sur certains modèles chinois, mais la marge de progression est faible. Il faut chercher ailleurs les améliorations. Les plus ingénieuses d'entre elles se sont portées sur la recharge : plus il est possible de recharger son appareil facilement, moins l'autonomie a d'importance.
C'est en tout cas le pari qu'ont fait les grands fabricants ou certains de leurs fournisseurs, au premier rang desquels on retrouve Qualcomm, le fondeur californien. La société américaine est sans doute moins connue que Samsung, Google ou Apple, mais c'est elle qui fournit les processeurs d'une grande majorité des téléphones en circulation. Pour garder cette mainmise, elle se doit de répondre à la concurrence. Le groupe BBK Electronics, composé des Chinois Oppo et Realme, a déjà frappé fort avec sa norme Super Vooc qui permet de charger un téléphone en 20 minutes. Qualcomm va un peu plus loin avec la cinquième génération de sa Quick Charge.
Le bon équilibre
La puissance d'un chargeur, exprimée en watts (W), dépend de son intensité en ampères (A), et de sa tension en volts (V). Il suffit de multiplier la première par la seconde pour obtenir la capacité de charge. Alors que les modèles les plus anciens délivraient 5 watts, ceux qui équipent les derniers téléphones haut de gamme génèrent à présent jusqu'à 125 watts. La difficulté réside dans la recherche d'un juste équilibre.
Deux écueils sont à prendre en compte. D'une part, une batterie se recharge très rapidement sur les premiers 50 %, mais bien plus lentement ensuite avec une vitesse de charge nettement réduite vers la fin. D'autre part, plus la puissance est élevée, plus la batterie chauffe, pouvant ainsi causer des dommages irréversibles à ses autres composants. L'idée est d'envoyer un maximum de courant au début pour remplir la première moitié de la batterie, avant d'optimiser sur les derniers pourcents. L'évolution de la connectivité, avec notamment le déploiement de l'USB-C ou USB-PD, facilite le dialogue entre l'appareil nomade et le chargeur.
Au pas de charge
Qualcomm a mis en place trois niveaux de protection afin d'éviter tout risque de surchauffe. Le dispositif Quick Charge 5 a bien besoin de tels garde-fous puisqu'il délivre pas moins de 100 W. De quoi remplir 50 % d'une batterie de 4 500 mAh en moins de 5 minutes et d'effectuer une recharge complète en 15 minutes. Pour mesurer l'ampleur de la prouesse, il faut avoir à l'esprit que l'iPhone 11 dispose d'une batterie de 3 100 mAh, tandis que le Samsung Galaxy S20 Ultra repose sur 5 000 mAh. La solution proposée par Qualcomm possède donc plusieurs avantages.
Tout d'abord, la Quick Charge 5 est compatible avec les anciennes générations, le chargeur essayant de trouver la puissance optimale pour chaque appareil, même les plus vétustes. Ensuite, la technologie est compatible avec les machines qui disposent d'un port USB-PD, comme la Nintendo Switch. En outre, tous les iPhones depuis le 7 peuvent en bénéficier. La norme est également conçue pour la recharge sans fil.
Les constructeurs de smartphones, qui misent beaucoup sur Qualcomm pour développer des modèles 5G, vont être nombreux à proposer ce dispositif de charge rapide. Les premiers téléphones ainsi dotés sortiront d'ici la fin 2020. Xiaomi a d'ores et déjà annoncé que son prochain porte-étendard, le Mi 10 Pro+, sonnera la charge.
