De plus en plus présente dans la recherche médicale, l'intelligence artificielle pourrait bien révolutionner la détection et la prise en charge du cancer du sein, avec des diagnostics précoces qui améliorent les chances de guérison.
L'intelligence artificielle (IA) est en train de révolutionner notre quotidien dans tous les domaines. Et la santé n'échappe pas à la règle ! Cet outil technologique est désormais un sérieux coalisé des médecins pour faire avancer la recherche et le traitement de nombreuses pathologies. En ce mois d'Octobre rose, où l'on met en avant la lutte contre le cancer du sein, quelle est place de l'IA dans le dépistage et la prise en charge de cette maladie qui touche plus de 61 000 nouvelles femmes tous les ans ?
Un diagnostic précoce
Voilà plusieurs années que les chercheurs réfléchissent à la manière dont l'intelligence artificielle pourrait aider la médecine dans le diagnostic et le traitement du cancer du sein. En 2024, une étude américaine, parue dans la revue Radiology, a démontré comment l'IA pouvait prédire le risque de cancer du sein sur cinq ans à partir de la simple lecture de mammographies. Ces données donnent l'espoir de réduire la fréquence des dépistages et de permettre un diagnostic plus précoce.
Début 2025, une autre étude – norvégienne cette fois-ci – a confirmé les recherches des Américains en observant que des algorithmes étaient capables d'identifier les femmes présentant un risque accru de cancer du sein plusieurs années avant que celui-ci ne soit diagnostiqué. En effet, l'IA avait analysé les mammographies de 116 495 femmes ayant participé à un programme de dépistage en Norvège entre 2004 et 2018. Parmi celles-ci, 1607 avaient fini par développer un cancer du sein. Via un système de notation réalisé à partir de ces examens médicaux, l'algorithme a pu prédire un risque accru de cancer, et même déterminer quel sein était à risque, quatre à six ans avant le diagnostic.
Une meilleure détection
En Allemagne, cette année encore, des recherches menées sur 460 000 femmes ont aussi donné des résultats prometteurs sur la détection des cellules cancéreuses sans augmenter les faux positifs. On a ici constaté que le recours à l'IA permettait un taux de détection supérieur de 17,6 % par rapport à un dépistage classique, soit un cas supplémentaire détecté pour 1 000 femmes dépistées.
À terme, les spécialistes estiment que l'intelligence artificielle pourrait remplacer la double lecture manuelle des mammographies, qui consiste à faire examiner les clichés par deux radiologues différents afin de croiser les expertises. En combinant l'intervention humaine et les nouvelles technologies, il serait ainsi possible d'augmenter les taux de détection précoce mais aussi de rendre plus fiables les diagnostics.
Enfin, l'autre intérêt de l'IA – qui est le même d'ailleurs pour toutes les spécialités médicales –, est de diminuer la charge de travail des radiologues : que ce soit pour confirmer ou infirmer un diagnostic, l'intelligence artificielle donne aux spécialistes le temps de s'attarder sur des dossiers plus complexes mais aussi de dédier plus de temps aux patientes.
Le risque du surdiagnostic
Néanmoins, comme toute technologie, l'IA a aussi ses failles ! Le risque principal est celui d'un surdiagnostic, induit par une détection trop efficace. Les scientifiques du projet Maasai (Models and Algorithms for Artificial Intelligence), dirigé à l'université de Sophia-Antipolis, expliquent en effet que l'intelligence artificielle pourrait conduire à des traitements inutiles pour des tumeurs mammaires qui n'auraient jamais causé de symptômes durant la vie de la patiente. Le surdiagnostic peut ainsi mener à des médications superflues, avec leurs propres risques et effets secondaires, ce qui pose un dilemme éthique non négligeable.