Santé

Dossier médical partagé : quinze ans de couacs

Censé révolutionner la transmission des informations du patient, le dossier médical doit être généralisé d'ici cinq ans. Un projet de longue haleine puisqu'il est dans les tuyaux depuis 2004…

Après dix-huit mois d'expérimentation, le gouvernement a lancé le déploiement national du dossier médical partagé, ou DMP, en novembre 2018. L'objectif est que 40 millions de personnes couvertes par l'Assurance maladie aient ouvert un dossier d'ici 2023. Mais si ce projet semble enfin sur les rails après une longue série d'embûches, rien n'est encore gagné.

Des enjeux réels

La mauvaise information du personnel médical peut faire perdre un temps précieux dans la prise en charge d'un malade, au risque, parfois, d'avoir une incidence sur la qualité et l'efficacité des soins apportés. Car en cas d'urgence, les professionnels doivent réagir vite ! Or, toute allergie ou intolérance non spécifiée à tel ou tel produit, de même qu'une mutation particulière ou encore un passé médical complexe passé sous silence peut entraîner de graves erreurs.
Pour éviter les doublons d'analyses et d'examens qui coûtent cher à l'Assurance maladie tout en limitant le risque d'interactions médicamenteuses, l'État a donc souhaité améliorer la communication des informations entre les patients et les médecins à travers la mise en place d'un carnet de santé numérique.
Fini donc les liasses de documents à emporter lorsque vous allez consulter un spécialiste. Pour les têtes en l'air, c'est également un bon moyen de conserver facilement toutes leurs informations de santé dans un même espace sécurisé. Et si, par malchance, vous finissez aux urgences, ces renseignements faciliteront votre prise en charge.

Un parcours chaotique

À première vue, ce dossier informatique à tout pour plaire. Mais alors, pourquoi n'en avons-nous pas tous déjà un ? Parce que sa mise en œuvre est un vrai casse-tête pardi !
C'est la loi de 2004 instaurant le parcours de soins qui a créé dans la foulée ce qui s'appelait à l'époque le « dossier médical personnel ». Or, après trois ans d'attente pour élaborer les garanties techniques et juridiques nécessaires, un audit a conclu qu'il valait mieux repartir sur de nouvelles bases ! En 2010, des expérimentations sont enfin lancées mais se soldent, trois ans plus tard, par un rapport très critique de la Cour des comptes qui pointe un coût d'investissement élevé pour les hôpitaux.
S'obstinant dans cette voie, la loi de modernisation du système de santé du 26 janvier 2016 a pourtant relancé l'idée sous l'appellation de « dossier médical partagé ». Et, alors que la Cour des comptes s'est interrogée en 2018 sur la faisabilité du dispositif, le ministère de la Santé a annoncé sa généralisation à près de 40 millions de patients d'ici à cinq ans.

La nouvelle formule

Les acteurs privés n'inspirant pas confiance, c'est l'Assurance maladie qui est chargée de gérer cette énième version. Facultatif, ce dossier médical en ligne ne peut être créé qu'avec le consentement du patient qui est d'ailleurs incité à l'ouvrir lui-même. Cet espace web sécurisé peut réunir des comptes rendus hospitaliers et radiologiques, des résultats d'analyses de biologie, des antécédents et allergies, des prescriptions médicamenteuses ainsi que des actes médicaux et chirurgicaux importants déjà réalisés. Les coordonnées des proches à prévenir en cas d'urgence, tout comme les directives anticipées de fin de vie, peuvent aussi y être consignées.
Afin de garantir le secret médical, c'est vous qui choisissez en ligne à quels professionnels de santé (médecin traitant, infirmier, pharmacien…) vous autorisez l'accès. À moins de vous y être opposé, les urgences pourront également le consulter en cas de besoin.
Reste toutefois à espérer que le secteur de la santé se mobilise car, pour l'heure, une partie des logiciels utilisés par les praticiens n'est pas compatible avec le DMP. Quant à ceux qui pourront y accéder, auront-ils le temps de l'alimenter ?

Le DMP, mode d'emploi

1/ Créez votre dossier médical partagé : rendez-vous sur le site internet officiel www.dmp.fr, à votre Caisse primaire d'assurance maladie (CPAM) ou adressez-vous à un professionnel de santé équipé. Vous aurez besoin de votre carte Vitale. Une application pour smartphone est aussi disponible.
2/ Gérez vos paramètres : vous pouvez renseigner toutes les informations que vous jugez utiles (antécédents, réactions à un médicament, nom de la personne de confiance…), obtenir une copie de votre dossier, gérer les autorisations d'accès et demander à être averti à chaque fois qu'un nouveau document sera déposé.
3/ Prévenez votre docteur : ce dossier n'est utile que s'il est alimenté et consulté ! Pour cela, informez les médecins qui vous suivent de la création de votre DMP.

Plus d'infos sur le site officiel dédié : www.dmp.fr

Julie Polizzi
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