Emploi

Discrimination à l'embauche, une réalité de terrain

Les lois et les campagnes de sensibilisation menées depuis plusieurs années semblent impuissantes. D'après une récente étude, le nombre de discriminations à l'embauche a presque doublé en 20 ans…

Dans la jungle du monde du travail, la loi impose que toute décision prise par les employeurs reposent sur des critères strictement professionnels et non sur des considérations d'ordre personnel fondées sur des éléments extérieurs au travail. Ainsi, l'apparence physique, l'état de santé, le handicap, le sexe, la situation de famille, l'ethnie, la religion ou encore la langue font partie des multiples motifs qui ne peuvent en aucun cas justifier une inégalité de traitement sous peine de constituer une discrimination. Entre la théorie et la pratique, il y a toutefois un gouffre toujours pas comblé, comme l'a confirmé une récente enquête...

Les prescriptions légales

La discrimination en entreprise peut prendre plusieurs formes et intervenir à différentes étapes de la relation de travail, à commencer par la recherche d'emploi. L'article L.1132-1 du Code du travail interdit pourtant d'écarter un candidat d'une procédure de recrutement, de nomination, d'accès à un stage ou encore d'une période de formation en se basant sur l'un des 20 critères discriminants déterminés par la loi. C'est d'ailleurs pour cette raison que la loi limite les questions autorisées lors de l'entretien d'embauche aux seules informations susceptibles d'évaluer les compétences professionnelles du candidat. Toute interrogation sur sa vie privée, qu'il s'agisse de sa situation matrimoniale, de ses projets de fonder une famille ou de ses pratiques religieuses, est formellement prohibée.
Toute victime de discrimination peut bien entendu porter plainte, sachant que ce délit est passible de 3 ans de prison et de 45 000 € d'amende, mais aussi saisir le Défenseur des droits ou encore se tourner vers le conseil des prud'hommes pour contester son refus d'embauche. Mais encore faut-il en apporter la preuve, ce qui n'a rien d'évident à ce stade de la relation de travail…

21% de personnes discriminées

Les autorités mènent depuis plusieurs années des actions de sensibilisation et initiatives (CV anonymisé, candidature sans CV…) visant à prévenir et éradiquer les discriminations notamment à l'embauche. Hélas, à en croire un récent sondage Ifop réalisé pour le site Meteojob.com auprès de 4 000 salariés français, la bataille est loin d'être gagnée. La proportion de travailleurs s'estimant victimes d'une discrimination lors de la recherche d'un emploi atteint en effet 21 % en 2021. C'est près du double du chiffre relevé par une enquête Ipsos en 2001 (12 % à l'époque).
Dans le détail, les femmes sont toujours les premières victimes de ce phénomène (23 % en ont fait l'expérience contre 19 % pour ces messieurs), tout comme les catégories socioprofessionnelles les moins élevées (21 % des ouvriers et 24 % des employés ont subi des discriminations, contre 19 % des professions intermédiaires et des cadres).
Mais c'est sans surprise les facteurs d'ordre « ethnico-culturelle » qui sont surreprésentés. Selon les auteurs de l'étude, « la proportion de victimes d'une discrimination lors de la recherche d'un emploi est très largement supérieure à la moyenne chez les personnes se percevant comme “non-blanches” (42 %), les minorités religieuses (53 % chez les musulmans, 35 % chez les protestants, 19 % chez les catholiques) ou les salariés de nationalité étrangère (50 %). »

Les dérives de l'entretien d'embauche

Si les discriminations sont ressenties dès l'examen du CV pour 14 % des personnes interrogées, c'est évidemment lors de l'entretien d'embauche qu'elles deviennent plus tangibles (17 %), ainsi que dans le processus de décision consécutif à ce rendez-vous (18 %). Quelque 20 % des femmes (contre 15 % des hommes) rapportent d'ailleurs avoir fait l'objet d'une discrimination lors d'un face-à-face avec un recruteur. Plus largement, les candidates subissent à cette occasion d'innombrables remarques désobligeantes et hors de propos.
En tête de liste, le registre ethnique et culturel est l'objet de bon nombre de propos déplacés (29 %), tout comme les croyances religieuses (30 %), voire le nom de famille (30 % des salariés de nationalité étrangère). Les allusions sexistes (19 %) vont également bon train, tandis que des formes de harcèlement sexuel (5 %) peuvent même être ressenties.
Semblant plus anodines mais tout aussi interdites, les questions relatives à la maternité sont carrément courantes ! Les employeurs se permettent ainsi de demander aux candidates si elles ont des enfants (49 %), si elles comptent en avoir prochainement (26 %), quel est leur mode de garde (20 %) et si « ces responsabilités familiales sont de nature à altérer leurs disponibilités pour le travail » (26 %). Les femmes sont dès lors doublement discriminées, à la fois en tant que femmes mais aussi en tant que potentielles mères.

J.P.
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