C'est durant le mois d'août qu'il est le plus indiqué de multiplier les arbustes par marcottage. L'idée semble pourtant contre-intuitive tant à cette période, le soleil est de plomb et la pluie plutôt rare. Oui, mais c'est aussi à ce moment précis que les branches de l'année, dites semi-aoûtées, s'enracinent le mieux.
Une fois de plus, l'être humain, qui se croit malin, n'a rien inventé. Le marcottage ? Une technique de multiplication naturelle que maîtrisent à la perfection, et sans l'aide de personne, les phlomis et les cistes, les ronces et les fraisiers, et les lianes de tous poils. Le marcottage ? C'est du gâteau !
L'art de prendre racine
Le marcottage est une technique de bouturage qui consiste, en les pliant et en les mettant au contact du sol, à faire prendre racine à des branches ou à des rameaux d'arbustes ou d'arbrisseaux. C'est donc en quelque sorte une bouture sur pied, qui a l'énorme avantage de rester alimentée en sève par le pied mère. Elle est ainsi beaucoup moins sujette au dessèchement, ce qui explique que les taux de réussite soient si élevés.
L'adulescence végétale
Paradoxalement, le meilleur moment pour marcotter une plante correspond à la période la plus délicate à passer pour cette dernière : l'été. En effet, à cette saison, les jeunes tiges de l'année, entre deux âges, sont en train de faire leur mue. Encore partiellement vertes, elles sont suffisamment souples pour pouvoir être manipulées et pliées sans sourciller. Mais déjà en partie adultes, elles sont d'ores et déjà capables d'émettre, à travers leur écorce qui tend à s'épaissir, les racines qui permettront à la bouture de s'émanciper du pied mère. On dit à ce moment précis qu'elles sont semi-aoûtées.
Beaucoup d'appelées, beaucoup d'élues
Tous les végétaux sont susceptibles d'être marcottés dès lors que l'une de leur branche est assez longue et souple pour être plaquée au sol. Cette technique est particulièrement adaptée à la multiplication des lianes (bignone, glycine, clématites…), des petits fruitiers (cassissier, groseillier…) mais aussi de tous les arbustes et arbrisseaux d'ornement réputés difficiles à bouturer, tels que le houx, l'azalée, le rhododendron, les viornes, le cognassier du Japon, le daphné ou l'osmanthe… Mais à dire vrai, n'importe quelle plante ligneuse se bouture plus facilement par marcottage.
Ce n'est pas bien compliqué
L'opération est assez simple. Il suffit de courber une tige ou une branche du pied mère, et de creuser un trou que l'on remplit d'un mélange de terreau et de sable à l'endroit où elle touche le sol. Après avoir effeuillé la tige au point de contact, pour éviter tout pourrissement, on l'enterre sur une dizaine de centimètres, en la maintenant couchée à l'aide d'une agrafe métallique ou d'une pierre. L'extrémité du rameau est relevée à une trentaine de centimètres de la surface du sol et fixée à un tuteur, afin de favoriser la circulation de la sève. Après la mise en place, il suffit d'arroser et de maintenir le sol humide pour enclencher l'enracinement qui prendra quelques semaines à quelques mois selon les espèces.
De la marcotte au jeune plant
Après l'enracinement, qui se manifeste ou non, par l'apparition de nouvelles tiges au niveau de la marcotte, on libère la bouture en la déterrant délicatement et en sectionnant la tige en amont et en aval du point d'enracinement. Le jeune plant est alors prêt à être transplanté.