Au mois de juin, dans le verger, il est temps de procéder à l'éclaircissage. Une besogne prophylactique qui vise à réguler la production de vos arbres fruitiers. Le but étant de produire moins mais mieux, à savoir des fruits plus gros, plus savoureux, mieux portants, le tout de manière régulière d'une année sur l'autre.
Du verbe « éclaircir » découlent deux substantifs : éclaircissage et éclaircissement, qui n'ont sémantiquement pas grand-chose en commun. Si vous ne savez rien du premier, cet article, par le biais du second, vous aidera à y voir… plus clair.
Non à l'alternance !
Certaines espèces d'arbres fruitiers ont une tendance naturelle à l'alternance : sans soin particulier, une année de forte production est suivie d'une année de repos marquée par une fructification en berne. Pour réguler ce phénomène, la taille d'hiver vous a déjà permis de limiter le nombre de fleurs, sans cependant savoir lesquelles monteront réellement à fruit. À la fin du printemps, l'éclaircissage parachève le travail en vous offrant la possibilité de décider de la quantité de fruits qui arrivera à maturité.
Une action, plusieurs buts
L'éclaircissage consiste à limiter le nombre de fruits portés par un arbre en supprimant volontairement une partie d'entre eux. Le but est de limiter les risques d'alternance, mais aussi d'éviter la casse des branches fruitières en surproduction. Il permet aussi de réduire la promiscuité entre les fruits, et donc, en favorisant la circulation d'air autour d'eux, de limiter les risques de maladies. Ce faisant, les fruits peu nombreux sont plus gros car ils ont reçu plus de sève, ce qui leur donne aussi plus de saveur et de sucre. C'est là, en vérité, le premier but visé par les travaux d'éclaircissage.
Pas systématiquement
Les espèces particulièrement concernées par l'éclaircissage sont le pommier, le poirier, le pêcher, le nectarinier et le kiwi. Les pruniers, cerisiers et abricotiers le sont moins car ils supportent bien les fortes mises à fruit et les arbres à coques ne le sont pas du tout. L'éclaircissage doit avoir lieu après la chute physiologique, c'est-à-dire la chute naturelle d'une partie des petits fruits mal formés. Mais il doit être fait avant la fin juin, de manière à être sûr d'agir avant l'induction florale. Il s'agit du moment ou l'arbre programme sa fructification de l'année prochaine et donc une éventuelle alternance. Pour le kiwi, il faut agir plus vite, dans le mois qui suit la floraison.
Éclaircissements techniques
Sur le pommier, laissez un fruit par bouquet, plutôt celui du centre qui est souvent le plus gros, en coupant les pommes surnuméraires au niveau du pédoncule. Pour le poirier, à l'inverse, favorisez plutôt un fruit latéral. Utilisez un sécateur affûté, et ne conservez que des fruits sains et bien formés, sans taches ni marques de ravageurs. Sur les pêches, les nectarines et les brugnons, dépourvus de pédoncule, agissez à la main en tournant les fruits sur eux-mêmes. Gardez ceux qui sont les plus proches du tronc tout en anticipant leur taille finale afin qu'aucun ne se touche à maturité. Comptez cinq à six fruits par rameau, c'est bien suffisant. Pour le kiwi, éliminez les fruits secondaires, trop petits, et ne gardez que trois à cinq fruits. Profitez-en pour couper le rameau cinq feuilles après le dernier fruit.