La taille de l'olivier est un des grands mythes du jardin auquel seuls quelques initiés osent se frotter. Pourtant, avec le réchauffement climatique, l'aire de répartition de cet arbre s'étend. Il est temps de démystifier la légende afin de la rendre accessible à tous, en commençant par le commencement : pourquoi taille-t-on les oliviers ?
Il est des choses que l'on fait, ou ne fait pas, par habitude, sans se poser la question de leur bien-fondé. D'autres que l'on exécute par injonction, sans remettre en cause la compétence de l'autorité morale qui l'a donnée. Comme le chantait Dutronc, « fais pas ci, fais ça, à dada, prout-prout- cadet ». C'est exactement ce qu'il se passe avec la taille des oliviers. Beaucoup de jardiniers savent qu'il est nécessaire de les tailler, mais bien peu savent pourquoi. Remédions sans tarder à cette lacune.
De quoi parle-t-on ?
On parle ici de la taille de production de l'olivier, celle que l'on effectue afin d'obtenir la meilleure récolte possible, que ce soit pour faire de l'huile ou produire des olives de table. Que l'on soit propriétaire d'une vaste oliveraie ou d'un arbre isolé en fond de jardin, le principe reste identique, même si dans un cas on a tendance à moins fignoler le travail que dans l'autre, car dans un jardin, le résultat doit être autant que possible agréable à l'œil. La taille de production se distingue de la taille purement esthétique, qui ne se soucie que d'apparence, et de la taille de régénération, qui concerne les arbres ayant été laissés trop longtemps à l'abandon. La taille de production s'effectue tous les un, deux ou trois ans, selon le choix du tailleur, sur des arbres vigoureux, sains et régulièrement entretenus.
Pourquoi faut-il tailler l'olivier de production ?
L'olivier est un arbre qui est naturellement soumis à l'alternance. Sans entretien, il a tendance à alterner d'une année sur l'autre une grosse et une faible production. La taille permet de réguler la mise à fruit et d'obtenir des récoltes plus régulières en équilibrant la proportion de vieux rameaux, infertiles, et de jeunes rameaux, fertiles. C'est également un moyen de réduire la densité de la ramure, ce qui a plusieurs intérêts. Les rayons du soleil pénètrent plus facilement dans le cœur de l'arbre, favorisant ainsi le mûrissement des olives. La circulation de l'air est améliorée à travers les branches, ce qui facilite la pollinisation des fleurs, assurée par le vent. La conjonction de ces deux facteurs contribue de surcroît à limiter l'apparition des maladies cryptogamiques (fumagine, oeil-de-paon...) qui se plaisent en milieu confiné. Enfin, évidemment, la taille permet de limiter la hauteur et la largeur de l'arbre, dans le but de faciliter l'entretien et la récolte.
Où naissent les olives ?
Avant de se lancer dans la taille, il est important de comprendre comment et où apparaissent les fruits. L'olivier fleurit entre mars et mai, avec plus ou moins de précocité selon les conditions climatiques locales. Comme sur la plupart des végétaux à floraison printanière, les fleurs éclosent sur le bois de deux ans, c'est-à-dire sur les rameaux qui sont apparus l'année précédente. C'est sur les branches sous-charpentières, âgées de deux à quatre ans, que la production est la meilleure. Les branches sous-charpentière sont celles qui font la jonction entre les grosses branches charpentières, qui forment la structure de l'arbre, et les rameaux terminaux, qui portent les feuilles et les fruits.
Vive le vent
Les fleurs de l'olivier sont anémophiles, c'est-à-dire que le pollen est transporté d'une fleur à l'autre par l'action du vent sans l'intervention des insectes. D'où l'importance d'aérer la ramure lors de la taille.
