Si les habitations en A existent depuis des temps immémoriaux, leur popularité a grimpé en flèche ces dernières années, portée notamment par l'engouement autour du projet d'auto-construction d'Elizabeth Faure à Lusignac, en Dordogne. Coup de projecteur sur un concept architectural qui a tout pour plaire aux petits budgets… et aux grands débrouillards.
Son apparence séduit les amateurs de minimalisme, quand ses modalités de construction satisfont les enjeux écologiques. La maison en A, caractérisée par sa charpente en pente raide, son toit descendant souvent jusqu'au sol et sa forme triangulaire offre en outre une porte d'entrée vers l'autoconstruction pour les budgets serrés, comme le met en lumière le projet d'Elizabeth Faure. Avant de se pencher sur les avantages et les inconvénients de ce type d'habitation, quelle est donc la genèse de cette construction largement médiatisée ? Et quelles considérations prendre en compte avant de se lancer ? On vous dit tout.
Un projet solidaire
En 2013, à l'âge de 65 ans, et après s'être vue refuser un prototype d'habitation triangulaire à destination des sans-abri, la jeune retraitée décide de construire sa maison elle-même. Budget : 40 000 €. Un an et demi et nombreux efforts plus tard, l'essentiel de sa maison en A, d'une surface de 181,5 m2 au sol, est bien sur pied (plus précisément sur pilotis, de manière à laisser le bois respirer), n'en déplaise aux sceptiques. « Pour moi, l'architecture c'est de montrer aux gens qu'on peut être pauvre mais qu'on n'est pas obligé de vivre dans la misère », raconte Elizabeth Faure dans le film qui documente la construction de sa maison, réalisé par la journaliste Morgane Launey et visible gratuitement sur YouTube. Une volonté de partage qui s'affirme comme une constante chez l'architecte de formation, dont les tutoriels sont également disponibles en accès libre. Aujourd'hui, c'est toute une communauté que le projet fédère, comme en témoigne le groupe Facebook dédié où les aspirants constructeurs s'échangent leurs conseils.
Repenser l'habitat
Plus courantes aux États-Unis et au Canada, où elles tiennent souvent lieu de « cabin », un habitat conçu pour les vacances en plein air, mais aussi fréquentes dans certains pays d'Europe de l'Est, les maisons en A (ou A-frame house) sont bien moins répandues en France. Pourtant, ces constructions ne manquent pas d'avantages ! Moins onéreuses que d'autres projets traditionnels (bien que le budget dépende des matériaux choisis et de la part d'autoconstruction), ces habitations offrent en outre une efficacité énergétique décuplée grâce à leur forme compacte. Souvent imaginées dans une démarche d'auto-consommation, ces maisons aux toits prononcés permettent aussi d'accueillir des panneaux solaires, tandis que leur structure robuste est conçue pour durer. Il faudra toutefois composer avec des parois inclinées qui réduisent nécessairement l'espace de vie ainsi que le nombre de pièces susceptibles d'être créées. Des inconvénients qui restent largement surmontables lorsque l'on fait preuve d'inventivité, et surtout, que l'on repense sa manière d'habiter de manière moins consumériste !
Avant de se lancer...
Reste qu'un projet d'autoconstruction ne se conçoit pas à la légère et demande du temps, du savoir-faire et de l'organisation. Certaines communes peuvent en outre se montrer frileuses à délivrer des permis de construire pour ce type d'habitation, parfois jugée atypique au regard des plans locaux d'urbanisme. Il reste possible d'argumenter, en faisant par exemple valoir sa nature écologique et innovante. Si votre projet est accepté, jaugez vos compétences et n'hésitez pas à recourir à des professionnels en fonction, qu'il s'agisse de sous-traiter quelques étapes (plan, fondations, montage, etc.) ou de superviser l'ensemble de la construction. Une précision importante que le site même de la maison en A illustre d'un dicton fort à propos : « celui qui pense qu'un professionnel coûte cher, n'a aucune idée de ce que peut lui coûter un incompétent ».