Les Français sont, de notoriété publique, de grands consommateurs de benzodiazépines – nous sommes même les seconds en Europe, derrière les Espagnols et loin devant les Allemands ou les Britanniques. Mais si leur usage s'est généralisé, il n'est pas anodin. L'Agence nationale de sécurité du médicament (ANSM) alertait ainsi en avril 2025 sur les risques d'une prise prolongée des traitements de ce type, prescrit pour calmer l'anxiété ou dormir. Une récente étude observationnelle, menée par des chercheurs américains et publiée dans le Journal of Alzheimer's Disease, fait quant à elle le lien entre consommation régulière de somnifères et risque de démence.
Gare à la consommation régulière
Les chercheurs se sont penchés sur la consommation en somnifères de 3 068 seniors sans démence et ne vivant pas en maison de retraite durant une dizaine d'années. Alors que 20 % des participants ont développé une démence au cours de l'étude, il a été établi que les personnes âgées prenant souvent ou presque toujours des benzodiazépines auraient près de 79 % de risques supplémentaires de déclencher ce type de trouble par rapport à celles n'en prenant jamais ou rarement. Des résultats qui corroborent ceux de l'Inserm, parus en 2015 dans la revue Alzheimer's and Dementia, qui associaient les benzodiazépines à demi-vie longue (mettant plus de 20 heures à disparaître de l'organisme) à un risque de démence accru de 60 %.
Un mésusage typique
Comme le souligne l'ANSM, les plus de 65 ans constituent la tranche d'âge la plus consommatrice de benzodiazépines. Or, il s'agit également de la population la plus concernée par le mésusage. Ces médicaments, qui peuvent constituer une aide temporaire pour atténuer les symptômes de l'insomnie mais ne traitent pas sa cause, devraient être prescrits sur la durée la plus courte possible (soit de quelques jours à 3 semaines) afin de limiter leurs effets indésirables.


