Cette année encore, l'Agence nationale de santé publique enregistre pour la seconde semaine de rentrée une forte hausse des recours pour asthme chez les moins de 15 ans aux urgences (+ 135 %) et dans les associations SOS Médecins (+ 111 %). On fait le point sur ce phénomène récurrent.
L'asthme est la plus fréquente des maladies chroniques respiratoires : elle touche entre 9 à 10 % des enfants scolarisés. Or, chaque année, la rentrée scolaire s'accompagne d'une nette augmentation des crises d'asthme chez les moins de 15 ans. Quels facteurs peuvent expliquer ce phénomène et comment l'enrayer ? Éclairage auprès du Dr Laurent Nguyen, pneumologue et membre de l'association Santé respiratoire France.
Comment expliquez-vous ce pic lors de la rentrée scolaire ?
Ce phénomène, bien connu depuis les années 1950, est lié à plusieurs facteurs. Tout d'abord, la rentrée implique la reprise de la vie en collectivité en milieu intérieur. On voit alors une augmentation des infections respiratoires, surtout des infections virales et notamment des rhinovirus, dans 65 à 85 % des cas. Chez les enfants allergiques, cela peut aussi être causé par l'exposition aux allergènes à l'école, surtout aux acariens. Enfin, on observe souvent un relâchement du traitement de fond de l'asthme durant les vacances d'été. Le stress de la rentrée peut également avoir un impact.
Le stress lié à l'école peut donc jouer ?
Tout à fait. Deux types de stress peuvent avoir un impact sur l'asthme : le stress chronique et le stress aigu. Dans le cadre de l'asthme de la rentrée, c'est surtout le second qui est en cause. Les enfants rentrent à l'école sans forcément connaître leur classe, leur maîtresse, leurs copains, etc. Ce stress aigu peut alors engendrer des phénomènes d'hyperventilation et de bronchoconstriction réflexe, qui peuvent entraîner des manifestations d'asthme.
Ce phénomène est-il évitable ?
On dit que la meilleure médecine est préventive : c'est tout ce que l'on met en œuvre en amont pour éviter d'avoir des complications. On conseille ainsi de reprendre les bonnes habitudes au retour des vacances, surtout s'il y a eu relâchement, de même que le traitement de fond de l'asthme avec régularité, voire de réévaluer la maladie avec le médecin traitant. On peut également revoir les bonnes techniques d'inhalation, vérifier que le plan d'action est à jour et que la trousse d'urgence est à disposition avec le traitement de secours.
Il faut bien entendu rester attentif à la survenue des symptômes de la crise. Il s'agit essentiellement de signes respiratoires, avec un essoufflement inhabituel, une gêne ou des sifflements à la respiration. Mais cela peut aussi être de la toux, une sensation de serrement ou d'oppression thoracique… Les enfants savent souvent le décrire. Dans ce cas, on met tout de suite en œuvre le plan d'action et le traitement de secours, de manière à stopper la crise au plus vite, et on contacte les urgences si besoin.
Comment accueillir au mieux un élève asthmatique en classe ?
Les mesures sont souvent connues des enseignants, mais ils doivent en premier lieu être informés de la condition de leurs élèves ! Les parents remettent en général le plan d'action ainsi que la trousse d'urgence aux professeurs ou au médecin scolaire. Là encore, il faut savoir agir vite, et appeler les secours si nécessaire, car les crises graves sont rares mais elles existent : en France, un enfant meurt encore chaque mois des suites d'un asthme mal contrôlé.
On fait également de la prévention lors des situations à risque, comme les activités physiques : mise en place d'un échauffement progressif, attention à l'air froid et sec, aux pics de pollution et polliniques… À l'intérieur de la classe, on prend garde aux allergènes, tels que les acariens, les moisissures, mais aussi à la présence de certains animaux, ainsi qu'aux produits d'entretien irritants. Enfin, mais les enseignants ont l'habitude, il faut veiller à diminuer au maximum le stress que peut causer la rentrée chez les enfants.


