L'Arménie, un jeune pays à la culture ancestrale

Encore très peu fréquentée par les touristes, l'Arménie dispose d'un potentiel prometteur. En témoignent les remarquables paysages ainsi que les trésors archéologiques que recèle ce petit pays malmené par l'Histoire.

Bien avant l'exode provoqué par le génocide de 1915, les Arméniens étaient de grands voyageurs qui ont enrichi leur culture au contact des pays voisins comme la Russie, l'Iran ou la Turquie, et des pays méditerranéens tels que la Grèce ou l'Italie. Cette ouverture sur le monde a profondément marqué la culture locale.
Au sortir de l'avion, le voyageur parti à a conquête de l'Arménie découvre Erevan, une capitale chargée d'émotion. La fondation de cette cité remonte à 2 800 avant Jésus-Christ. Un détour par le Musée national d'Histoire plongera le visiteur dans ce passé antique via d'étonnantes collections archéologiques et ethnologiques. De nos jours, la ville en elle-même garde surtout les stigmates de l'époque soviétique des années 1930 : difficile, dès lors, de percevoir la patine des lieux… Raison de plus pour se rendre à la cathédrale d'Avan, dont la construction remonte au VI^e siècle. Sur l'avenue Machtots, du nom du moine à l'origine de l'alphabet arménien, se trouve l'une des plus belles bibliothèques du monde : le Maténadaran renferme de magnifiques manuscrits enluminés, symboles de la richesse littéraire arménienne.

Religion : les fondements d'une identité

Le temple hellénistique de Garni date justement de cette époque. À l'est de la ville, surplombant la vallée de l'Azat, le site dédié à la déesse Anahit fut la résidence d'été des rois. Ses vingt-quatre colonnes gravées sont encore dans un état de conservation étonnant. Non loin de là, le monastère de Geghard, datant du XIII^e siècle, est l'un des plus beaux monuments d'Arménie. Il présente des centaines de Khatchkars, ces croix finement ciselées qui symbolisent l'attachement des Arméniens à la religion. Les plus belles se trouvent au cimetière Noradoux, près du lac Sevan.
Au sud de la capitale, le monastère de Khor-Virap offre un panorama bucolique à ses visiteurs. Sis au pied du mont Ararat et encerclé de vignes, il renferme la légende de saint Grégoire l'Illuminateur. L'évangélisateur du pays aurait été abandonné au fond d'un puits et laissé pour mort de nombreuses années.
Sur le chemin de la cathédrale de Zvartnots, une halte à Etchmiadzine nous invite à découvrir la capitale religieuse où siège le Katoghicos, saint patron des Arméniens. Sur place, plusieurs édifices ont été classés par l'Unesco, comme les imposants monastères de Gochavank, Sanahine, Aghpat ou l'église d'Odzoun, la plus ancienne d'Arménie.

Du sommet de l’Ararat

Le soleil se lève sur Eravan et sur le mont Ararat, symbole et fierté du pays qui apparaît toujours sur ses armoiries, bien qu'il se situe aujourd'hui du côté turc de la frontière. Cette montagne au sommet perpétuellement enneigé surplombe la capitale et lui donne, à cette heure matinale, des tons rosés qui accentuent la couleur du tuf brun. Elle rappelle que le petit pays du Caucase s'élève, dans sa quasi-totalité, à plus de 1 000 mètres d'altitude. Le mont Aragats est désormais le point culminant de ce pays enclavé, sans aucun accès à la mer. Le lac Sevan, au nord-est, constitue cependant une réserve d'eau grande comme trois fois le lac Léman. Ses rives de sable blanc sont très prisées par les baigneurs, qui apprécient également son eau turquoise. Aux alentours, on déguste un délicieux poisson fraîchement pêché et assaisonné.
Au nord, l'île aux Oiseaux abrite le monastère de Sevanavank constitués de deux églises typiques de l'art arménien du Moyen Âge. Ces dernières années, la baisse du niveau des eaux en raison de l'activité hydraulique a interpellé les autorités, qui veillent désormais sur ce petit coin de paradis dominé par la montagne Geghama…