Concert rock : L'étrangleuse + Kisaeng Mango Machine

L’Étrangleuse :

Ce sont deux filles et deux garçons qui jouent une forme non définie de rock minimaliste et de chanson libre à quatre voix, amplifiant le dialogue entre une harpe à pédale en érable moucheté et un djéli n’goni en peau de chèvre, sur les grooves archaïques d’un basse-batterie bardé de colifichets. Le refuge de L’Étrangleuse, c’est une tente touareg perdue dans l’immensité de la toundra gelée, où les esprits de The Ex et de Brigitte Fontaine fomentent les hymnes secrets d’un nouvel ordre mondial, enfin gouverné par la poésie.

Insaisissable et irrésistible, la musique nous plonge dans une obscurité qui doit autant au crépuscule du vieux monde qu’à l’aube des grands espaces où crépitent de furieuses danses de joie. Grincements d’archet et matières coincées dans les cordes, saturation et percussion d’objets incongrus, tourneries fiévreuses et choeurs psychédéliques sont les agréments de cette transe tout en nuances. Poèmes, manifestes, rêves ou cauchemars, il se pourrait au fond que les chansons ne parlent que de la réalité, celle dont Philip K. Dick disait qu’elle «continue d’exister même lorsqu’on cesse d’y croire». Avec un quatrième album en juin 2024, le premier en quatuor, L’Étrangleuse dynamite le post-rock de chambre des origines avec Anne Godefert, bassiste et chanteuse issue des musiques électroniques, et Léo Dumont, batteur-objetiste coutumier des audaces sonores (Chromb, Pixvae, An’ Pagay, Polymorphie...).

Le Paradigme de la Fleur Noire (Kisaeng Mango MAchine 기생 망고 마신) :

Jang Moon Hee aka Leti Parthenay, la Kiaseng monstrueuse de rêves et de magie bizarre, déchire le voile léger de la réalité avec un couteau de pétales aiguisées, fleurs coupantes du cerisier.

Elle chante comme hors-temps des rivages du fleuve Han - clic -

Flashs d'une nuit brûlante de ville immense : béton, ruelles, néons, peuple sans sommeil - clic -

Une salle au fond d'un club au fond de la nuit : ivresse et chansons roses fuchsias - clic -

Rémi François aka Lee Ming, alimente la Machine Magique, il la nourrit de longs accords qui tremblent, oscillent, piétinent en faisant craquer les brindilles, de riffs comme des incantations,
comme du charbon vivant qui donnerait ses impressions aux moteurs de la machine-à-rêver.

Teuf clando de catacombes

Et la lanterne - Crrr -

superpose les corps et les moments : danse, sueur, bras, poings et ventres qui lancent leur âme sur les nuages, dans le ciel.

Kisaeng Mango Machine est un concert peuplé de chansons traditionnelles japonaises et coréennes, fantastiques perles irrégulières. Les percussions comme une pluie d'été, la guitare de yokaï et l'intense fil de la voix délicate de la Kisaeng transcendent le plus que réel. La Mango Machine est une lanterne magique de sons aux 5 saveurs et d'émotions volcaniques, qui nous embarque de la berceuse à la transe, des échos d'un temps ancien au rythme effréné de nos sociétés actuelles.