Immobilier

La mérule, hantise des futurs propriétaires

Présente sur une large partie du territoire et notamment dans le nord-ouest, la mérule est un champignon qui provoque le pourrissement des boiseries de nos maisons. Malgré le danger, la législation reste laconique.

Si les termites vous font peur, ce n'est rien à côté de la crainte que devrait vous inspirer la découverte d'un mycélium épais, cotonneux et blanc sur vos boiseries et charpentes. Ces traces peuvent en effet indiquer la présence de mérule sous votre toit ou plus exactement dans votre toit !

Des territoires infestés

Parmi la quarantaine de champignons lignivores – comprenez ceux qui se nourrissent du bois – pouvant s'attaquer à nos maisons, la mérule est de loin le plus dangereux et le plus répandu. La Serpula lacrymans est en effet présente dans une cinquantaine de départements en France, notamment ceux du nord-ouest. Dans le Finistère, les professionnels estiment par exemple que 75 à 100 % des communes sont concernées. Mais pas de panique, toutes les habitations ne sont pas pour autant en danger.
Comme le précise l'Agence nationale de l'habitat (Anah), ce champignon n'infeste « que les bois humides en milieu chaud et confiné ». Si la maison est saine, bien conçue et entretenue, vous n'avez donc rien à craindre. En revanche, dans les territoires envahis, il suffit de certains incidents pour que la mérule s'invite chez vous. Ce peut être derrière une maçonnerie dégradée, une gouttière déformée ou cassée, une cave insuffisamment ventilée ou encore sous des tuiles fissurées. Une infiltration dans la toiture, une canalisation qui fuit ou des fenêtres en mauvais état constituent également un terrain propice à son développement.

Des effets catastrophiques

Ce champignon destructeur se répand à l'abri des regards, sous les revêtements, dans les murs et derrière les plinthes. Lorsque ses méfaits deviennent visibles, c'est que l'invasion est déjà très importante. Le bois change de couleur, prend un aspect calciné et finit par casser et s'effriter. De même, les fibres perdent leur résistance ce qui peut provoquer l'effondrement des poutres, de la charpente et des planchers. Sapin et pin cèdent très vite face à la mérule, tandis que le chêne et le châtaignier ne résistent que peu de temps. Seules quelques essences tropicales dites « tendres », comme le doussié ou le douka, sont réellement armées contre ce fléau.
Pour couronner le tout, ce champignon détériore joints de ciment, briques et peinture lorsqu'il traverse les maçonneries et peut entraîner des risques de surtension et d'incendie en enroulant ses filaments cotonneux gorgés d'eau autour des fils électriques. Ce n'est pas pour rien qu'on le surnomme la « lèpre des maisons » !
Seules des réparations en profondeur et un complet assèchement des lieux peuvent alors en venir à bout, à l'issue d'un chantier souvent prohibitif.

Une information obligatoire

Afin de protéger les acheteurs, la loi Alur de 2014 a prévu une information sur la présence de ce champignon en cas de cession immobilière. Mais attention, tout le monde n'est pas concerné. Alors que le dossier de vente doit systématiquement contenir une série de diagnostics obligatoires, et notamment celui relatif aux termites, la mention de la mérule n'est requise que si le logement est situé dans une zone à risque dont le périmètre est délimité par un arrêté préfectoral. Et même dans ce cas, une simple information écrite sur le danger potentiel suffit. Le vendeur n'est pas obligé de faire appel à un professionnel pour faire un diagnostic sur l'état du bâti. Cette intervention est toutefois recommandée afin d'éviter tout litige ultérieur et notamment que l'acheteur n'engage une action pour vices cachés.

Focus : l'agent immobilier responsable

L'information sur la présence, même ancienne, de mérule ne doit pas être prise à la légère, comme l'a récemment rappelé la Cour de cassation.
En l'espèce, un couple ayant signé une promesse d'achat pour une maison située à Rennes avait voulu se rétracter après avoir appris que des travaux liés à la présence de mérule avaient été réalisés dans le logement par le passé. Les acheteurs avaient non seulement assigné le vendeur en justice pour obtenir l'annulation du contrat, mais aussi l'agent immobilier en responsabilité afin d'être indemnisés de leur préjudice. Alors que ce dernier indiquait ne pas avoir eu lui-même connaissance d'une ancienne attaque de mérule, un arrêt du 14 novembre 2019 de la Cour de cassation a confirmé qu'il avait commis une faute. Au lieu de se baser sur un diagnostic récent, il aurait dû vérifier l'acte de vente antérieur.

Julie Polizzi
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