Vous récupérez du fumier de cheval directement dans un centre équestre ? Excellente idée ! Mais puisque tous les fumiers équins ne se valent pas, avant de l'emporter, renseignez-vous : d'où provient-il exactement ? En effet, son origine, paddock ou écurie, en détermine la composition, et par conséquent, son utilisation au jardin à l'automne.
Heureux le jardinier qui utilise du fumier prêt à l'usage, acheté en sac, car il n'a pas à se poser de question avant de l'utiliser. Heureux, mais dépensier… Plus économe est celui qui récupère du fumier frais ; car ce dernier est le plus souvent donné de bon cœur par les cavaliers. Économe, mais taraudé… Car pour bien l'utiliser, il doit savoir d'où provient ce trésor. Des fesses du cheval ? Oui, bon, ça d'accord… Mais arrive-t-il du paddock ou de l'écurie ?
À l'écurie, l'azote
Le fumier d'écurie, ramassé dans les box, résulte du mélange de trois composants : crottins, litière (paille ou copeaux) et surtout urine. L'urée, que cette dernière contient, se transforme rapidement en ammoniac, qui, une fois digéré par la faune du sol, se transforme à son tour en nitrates d'azote, assimilables par les plantes. Son rapport carbone/azote (C/N) se situe entre 15 et 25, c'est donc une matière organique « azotée ». En six à douze mois, ce fumier devient un amendement complet, libérant progressivement ses nutriments (c'est la minéralisation) tout en augmentant le taux d'humus du sol (c'est l'humification). Revers de la médaille : son taux d'ammoniac initial le rend potentiellement « agressif » pour les jeunes racines.
Au paddock, le carbone
Les paddocks sont les enclos extérieurs (prairies, manège…) où évoluent les chevaux durant la journée. Le fumier qu'on y ramasse se limite donc au crottin déposé sur le sol. Il ne contient pas d'urine, et donc pas d'azote directement assimilable. Ces déjections pures, constituées de fibres végétales digérées, affichent un rapport C/N souvent supérieur à 30. Il s'agit donc d'une matière organique « carbonée ». Cette pauvreté en azote actif ralentit la décomposition et n'assure quasiment aucune nutrition à court terme pour les plantes (seule 5 à 10 % de l'azote est consommée la première année). Et puisque généralement, les micro-organismes manquent de carburant azoté pour dégrader toute cette matière carbonée, ce type de fumier provoque une « faim d'azote » temporaire si on l'utilise sans précaution.
Adapter l'usage à l'origine
Avant d'utiliser du fumier d'écurie, un compostage de six mois minimum est recommandé afin d'éviter les problèmes de brûlures racinaires et le lessivage des minéraux non fixés. Une fois bien décomposé, ce fumier est idéal pour assurer la nourriture des cultures gourmandes. Plus souple d'emploi grâce à son caractère moins agressif, le fumier de paddock, à moins qu'il ne soit épandu à l'automne, longtemps avant la mise en culture, nécessite un rééquilibrage en matières azotées (ajout de sang séché, urine, purins d'orties ou mélange avec de la tonte) pour éviter la faim d'azote. Il peut aussi s'utiliser directement en paillis automnal autour des arbres fruitiers et des arbustes d'ornement.
Amendement oui, engrais non
Qu'il provienne de l'écurie ou du paddock, le fumier de cheval, avec ses teneurs modestes de 0,6 % d'azote, 0,4 % de phosphore et 0,7 % de potassium, est considéré comme un amendement et non un engrais. Il privilégie l'amélioration structurelle du sol à la nutrition directe des plantes. Épandu sous forme d'apports généreux (2 à 3 kg/m²) puis incorporé au sol par un griffage superficiel, il nourrit la pédofaune vivant dans le sol qui transformera à son tour cette matière organique en humus stable ou en nutriments assimilables. Le fumier équin joue donc sur la fertilité à long terme : d'abord il structure, aère, améliore la rétention d'eau, avant, dans un second temps, de nourrir pouvoir les plantes.