Sur le papier, le gazon synthétique a tout pour plaire : fini l'arrosage et la tonte. Des économies d'eau et d'énergie ? Voilà donc un matériau bien dans l'air du temps. Hélas, la réalité de cette moquette de jardin est tout autre.
Le gazon synthétique se pose sur un terrain compacté à la dameuse puis recouvert par un géotextile, en déroulant de larges rouleaux qu'il n'y a qu'à découper selon la configuration du terrain. On le fixe dans le sol avec des pointes en acier et on colle les jointures avec un scotch spécial. Enfin, on épand une fine couche de sable entre les brins pour qu'ils restent bien droits. Quand ce travail est bien fait, le résultat est surprenant. Il l'est d'autant plus si on choisit un gazon haut de gamme, avec une longueur de brin d'au moins 35 mm, dont les nuances de verts et même de jaune, pour imiter le feutre de l'herbe morte, sont plutôt réalistes.
Des avantages aguichants
Évidemment, il ne faut pas s'attendre à s'y casser le nez. Cependant, sur des petites surfaces, agencées avec des massifs végétalisés, le rendu est très correct. Ajoutons à cela la fin des arrosages dispendieux en eau, et celle des tontes, bruyantes et astreignantes. Enfin, le contact est doux au toucher, quoiqu'un peu chaud sous le soleil ardent. En théorie, c'est donc une solution écologique qui a de l'avenir.
L'avis du pro
Malheureusement, le gazon synthétique pose de gros problèmes environnementaux. En effet, les milliers de brins qui constituent sa garniture s'arrachent au fil du temps, au gré des piétinements et des nettoyages. Une grande partie d'entre eux finit dans la mer, après avoir rejoint les rivières via le réseau d'eaux pluviales. Au large de Barcelone, une étude de 2023 a ainsi montré que les brins de gazon synthétiques représentent 15 % de fragments plastiques de plus 5 mm retrouvés dans la mer, avec une estimation de 213 000 brins par kilomètres carrés ! Enfin, ce couvre-sol en empêchant le dépôt de matières organiques, tue à petit feu les sols et les organismes qui y vivent.