En ce début d'automne, tandis que les cultures d'été arrivent à échéance, le potager ne cesse de libérer de nouvelles parcelles. Si vous êtes un adepte de la trêve hivernale et que vous n'avez rien prévu de planter d'ici le printemps, vous avez tout intérêt à semer de la phacélie pour occuper le terrain.
Appliquée aux êtres humains, la nudité « est une absence de vêtement qui ne manque pas d'effets ». C'est joliment dit. Quand elle s'applique au sol, on pourrait dire que c'est une absence de végétation qui ne manque pas non plus d'effets… plutôt négatifs. Aussi, à moins que vous ne soyez un adepte du paillis permanent, c'est-à-dire du prêt-à-porter, avez-vous tout intérêt à habiller votre sol en attendant le printemps. Et en ce début d'automne, la phacélie, c'est vraiment du sur-mesure !
Protéger le sol, nourrir la terre
Les engrais verts ne sont pas cultivés pour être récoltés et consommés. Semés après ou entre les cultures principales, ils assimilent les éléments nutritifs encore présents dans le sol, ce qui évite leur lessivage, et les restituent à la terre au moment de leur décomposition. Cette technique, qui vise à maintenir un couvert végétal permanent, permet en outre d'apporter de la matière organique au sol et par conséquent d'en améliorer la structure ainsi que la capacité de rétention en eau. De surcroît, elle le nourrit, réduit son érosion et son compactage par les intempéries, et enfin limite l'apparition des herbes indésirables.
Des atouts dans la manche
Parmi la large palette des engrais verts, la phacélie (Phacelia tanacetifolia) se distingue à l'automne. En effet, cette plante annuelle cumule les atouts : elle produit rapidement une biomasse luxuriante et dense, étouffant efficacement les adventices, déroule d'étonnantes fleurs bleu lavande en forme de crosse hirsute et développe un système racinaire pivotant et ramifié qui décompacte le sol. Au moment de la décomposition, la place occupée par les racines se transforme en minuscules galeries d'oxygénation du sol.
Froid, moi ? Jamais !
Mais ce qui rend la phacélie particulièrement adaptée aux semis d'automne, c'est sa remarquable capacité à germer et à pousser par temps froid. Si bien que même si on la sème tardivement en octobre, elle forme en quelques semaines un épais couvert végétal. Dans les régions aux hivers rigoureux, elle gèle naturellement vers -10 °C, libérant l'espace pour les cultures du printemps suivant. Dans les climats plus doux, elle reste en place et peut même fleurir dès le mois de mars.
Un semis facile
La phacélie se sème à la volée, à hauteur d'environ deux grammes par mètre carré, directement en place sur un sol propre et émietté en surface par un griffage léger. Ratissez légèrement pour enfouir les graines sur quelques millimètres car elles ont besoin d'obscurité pour germer. Plombez enfin avec le dos du râteau, puis arrosez en pluie fine. La germination intervient généralement sous une quinzaine de jours.
Et après ?
Dans les régions froides, le gel détruit la plante. Il suffit alors d'incorporer superficiellement les résidus dans le sol avec une griffe ou de les laisser en paillis protecteur. Si chez vous la phacélie survit à l'hiver, laissez-la poursuivre son cycle afin d'offrir une floraison précoce aux pollinisateurs au mois de mars. Mais fauchez-la impérativement avant la montée en graines de manière à éviter qu'elle ne se ressème de façon incontrôlée. Dans tous les cas, laissez sécher les résidus quelques jours avant de les incorporer ou de les laisser en paillage, comme indiqué précédemment.
Engrais vert, oui, légumineuse non !
À l'inverse d'autres engrais verts appartenant à la famille des fabacées, comme la féverole, la gesse ou la luzerne, la phacélie ne fixe pas l'azote atmosphérique. En se décomposant, elle restitue simplement au sol les nitrates dont elle s'est nourrie.