Du jujubier vient le jujube, un étonnant fruit d'automne dont la texture et le goût ne laissent personne insensible. Particulièrement adapté à la sécheresse, ce fringant petit arbre au port décoratif a de l'avenir devant lui, y compris loin du pourtour méditerranéen. Mais son fruit est si déroutant qu'il vaut mieux goûter avant de planter.
Zizi et Juju sont un nom d'arbre. Zizi s'acoquine avec « phus » et Juju avec « ba », qu'est-ce qu'il reste ? Ziziphus jujuba, le nom botanique du jujubier. Un peu plus tard, le jujube est dans la bouche, qu'est-ce qu'il reste ? Un noyau, un drôle de goût et une étonnante consistance… Bref, du jamais vu !
Portrait d'un survivant oublié
Originaire de Chine où il est cultivé depuis quatre millénaires, le jujubier a été introduit sur l'arc méditerranéen dès l'Antiquité. Présent dans les vergers provençaux jusqu'au XIXe siècle, il en avait pourtant presque disparu. Certains aujourd'hui le surnomment « fruitier de demain » du fait de ses capacités d'adaptation exceptionnelles face aux défis climatiques : résistance à la sécheresse, tolérance aux fortes chaleurs et rusticité jusqu'à -15 °C selon les variétés. Il est en outre insensible aux maladies, mais parfois victime de la mouche méditerranéenne.
Une belle allure
Cet élégant arbre de taille modeste, qui dépasse rarement sept mètres de haut, séduit d'abord par sa silhouette tortueuse, ses rameaux fins et épineux retombant sous le poids des fruits et son écorce crevassée beige rosé. Il porte un feuillage caduc lustré qui vire au jaune d'or en automne. En mai-juin, de très discrètes fleurs verdâtres embaument la ramure d'un parfum intense et délicieux, qui attire de nombreux pollinisateurs.
Le jujube, sujet clivant
La forme, oblongue ou ronde, et le gabarit du jujube varient selon les variétés, allant de l'olive à la grosse datte. Au fil de l'été, il évolue du vert au brun-rouge à mesure qu'il mature. Sa chair mucilagineuse évoque, selon les sensibilités, un mélange entre la pomme cuite et la pâte de fruits, ou le polystyrène et la mousse expansée. Bref, on aime ou on n'aime pas. Consommé frais, le jujube rappelle la pomme verte avec une pointe d'acidité. Séché, il développe des arômes concentrés de datte, d'où son surnom de « datte chinoise ». En cuisine, il se prête aussi bien à la consommation fraîche qu'au séchage, à la confiture ou aux préparations confites.
Une culture simplissime
Paradoxalement, ce fruit si rare et original pousse avec une facilité déconcertante dès lors qu'on lui prodigue une exposition ensoleillée et un sol bien drainé, même pauvre ou calcaire. Sa résistance à la sécheresse en fait un candidat idéal pour les jardins économes en eau et sa culture ne se limite plus au pourtour méditerranéen. La variété « Lang », particulièrement rustique, s'épanouit désormais jusqu'en Alsace. Mais pour les régions plus douces, « Provence » ou « Li » offrent des fruits plus volumineux. L'arbre demande peu d'entretien : un arrosage suivi les deux premières années, puis une taille légère tous les deux ou trois ans pour aérer la ramure. Seule contrainte : la patience. Le jujubier n'atteint son plein rendement qu'au bout d'une quinzaine d'années. Mais cette lenteur de développement se compense par une longévité remarquable et une production qui s'étale sur de longues décennies.