À la faveur du réchauffement climatique, la chenille processionnaire du pin étend irrémédiablement son territoire à travers la France. Au printemps, il faut la piéger lorsqu'elle descend de l'arbre pour aller s'enterrer dans le sol. En prenant soin, bien sûr, de ne pas entrer en contact avec ses poils dangereusement urticants.
« Tout le monde s'éclate à la queue leu leu, tout le monde se marre à la queue leu leu ». Tout le monde, enfin presque ! Si la chenille processionnaire s'éclate à coup sûr en se déplaçant en file indienne, le pauvre conifère défolié par son appétit vorace ou le jardinier victime de ses poils urticants, eux, sans doute beaucoup moins. Car cette larve de lépidoptère, non contente de ravager les résineux, représente un vrai danger sanitaire lorsqu'elle entame son étrange procession sur le sol. Elle se retrouve alors à portée de main des enfants ou de langue des animaux domestiques, prête à provoquer des irritations graves en cas de contact inopiné.
C'est la chenille qui redémarre…
À l'origine cantonnée dans le sud de la France, la chenille processionnaire, larve du papillon de nuit Thaumetopoea pityocampa n'en finit pas d'étendre son territoire vers le nord à la faveur du réchauffement climatique. Elle frappe aujourd'hui aux portes de la Bretagne, de la Normandie, de l'Île-de-France et de la Franche-Comté. Si son appétit pour les épines de pin peut compromettre la survie des conifères qu'elle colonise (pin d'Alep, sylvestre, maritime, noir d'Autriche, douglas), c'est sans doute le danger représenté par ses poils urticants qui pose le plus de problèmes. En effet, le contact avec la peau et les muqueuses, l'inhalation ou l'ingestion de ces poils microscopiques et volatiles peuvent entraîner des réactions allergiques et des complications médicales graves.
Des pratiques mal adaptées
Dans les jardins, on a l'habitude de lutter contre les chenilles ravageuses par la pulvérisation de BT (Bacillus thuringiensis), un produit bio qui cible et tue les larves de lépidoptère après ingestion. Malheureusement, cette solution est rarement envisageable dans le cas des chenilles processionnaires car elles établissent leurs cocons de toile très haut dans la ramure des arbres, hors d'atteinte de tout traitement. À part quelques mésanges, le coucou et une certaine larve de carabe, on ne peut pas, pour le moment, compter sur la faune auxiliaire pour une régulation correcte. Quant aux pièges à phéromones, ils attirent efficacement les mâles et entravent bien la reproduction, mais il y a toujours des papillons pour passer à travers.
Déviation vers une voie sans issue
Heureusement, la chenille possède un talon d'Achille que les jardiniers qui connaissent son cycle de vie peuvent exploiter. Durant le printemps, elle quitte les arbres en procession serrée pour aller s'enterrer dans le sol, afin de s'y transformer en nymphe, avant de renaître papillon au début de l'été. La pose d'un piège, composé d'une collerette réglable à placer autour du tronc, permet de bloquer et de diriger toute la colonie vers un sac collecteur fermé. Il n'y a plus ensuite qu'à les détruire en les brûlant ou en les asphyxiant dans le sac. Attention lors de cette opération à ne pas entrer en contact avec les poils urticants que la chenille largue lorsqu'elle se sent en danger. Portez absolument des gants, des vêtements longs et un masque de protection. Il est important d'installer le piège sur la partie basse du tronc, mais suffisamment en hauteur afin d'éviter que les enfants ou des animaux domestiques (chien, cheval, vaches, etc.) ne puissent le toucher. L'élagage de certaines branches basses peut s'avérer nécessaire.