Chaque année, une hécatombe se répète dans nos cimetières, lorsque les chrysanthèmes, ayant fleuri les tombes, fanent et sont mis au rebut. Ils sont pourtant toujours bien vivants et aspirent à une seconde vie !
C'est par milliers que les chrysanthèmes fleurissent les cimetières lors de la Toussaint. Achetés en masse pour honorer les défunts, ils égayent les tombes, avant de faner avec l'arrivée des premières gelées. Leur aspect laisse alors à penser qu'ils sont morts car leur partie aérienne est complètement desséchée. Mais le chrysanthème étant une plante vivace, c'est là son cycle naturel. La souche reste bien vivante et ne demande qu'à repartir au printemps et refleurir à l'automne. Devant un tel gâchis, il est tentant de vouloir les sauver.
Que dit le droit ?
Mais peut-on récupérer ces plantes sans risquer de poursuites pour vol ? La réponse est oui, et la jurisprudence est très claire sur ce point. L'arrêt de la Cour de cassation du 15 décembre 2015 n° 14-84 906 établit un principe fondamental : lorsqu'un bien est jeté à la poubelle, son propriétaire manifeste sa volonté de l'abandonner et en perd la propriété. Ces objets deviennent des res derelictae – des choses abandonnées – que chacun peut librement s'approprier.
Adoptés… à l'unanimité !
Cette règle s'applique aux chrysanthèmes abandonnés dans les cimetières puisque légalement, ils n'appartiennent plus à personne. Ils peuvent donc être récupérés sans aucune formalité, à condition de ne pas tout mettre sens dessus dessous et de faire preuve de décence. Évidemment, a contrario, prendre des plantes directement sur les tombes constituerait bel et bien un vol, passible de sanctions pénales sévères.
Un geste vertueux encouragé
Certaines municipalités encouragent d'ailleurs cette démarche antigaspillage. À Paris, la Direction des espaces verts autorise officiellement la récupération de déchets végétaux jusqu'à 500 kg (!). Il n'y a ensuite qu'à replanter les mottes dans vos massifs et leur prodiguer un peu d'arrosage et beaucoup d'amour.


