La différence entre le compostage à froid et le compostage à chaud, c'est l'efficacité et la rapidité du second. Mais il faut, pour le réussir, réunir au sein du tas quatre conditions indispensables que nous allons voir en détail. La cinquième et la sixième étant l'énergie et l'attention que doit y mettre le jardinier.
Le compostage à froid, accessible à tous, consiste à empiler ses déchets organiques sans trop se casser la tête et attendre que la nature transforme lentement des matières végétales encombrantes en humus nourricier. Il n'y a rien de mal à ça. C'est très pratique, c'est presque magique, c'est super écologique et si tout se passe bien, c'est facile. Mais on peut faire mieux !
Beaucoup d'intérêts
Le compostage à chaud permet d'obtenir un compost mûr en quelques semaines seulement. En outre, les températures à cœur qui peuvent atteindre 60 à 70 °C éliminent les pathogènes ou les maladies et stérilisent les graines d'adventices, garantissant un compost propre, sans « passagers clandestins ». Enfin, il évite les odeurs désagréables et les visites de rongeurs.
Quatre conditions indispensables
Réussir le passage au compostage à chaud exige de maîtriser quatre facteurs simultanément :
Le volume : il faut absolument constituer une masse critique d'au moins un mètre cube pour générer puis conserver la chaleur. Faute de quoi, le tas restera froid ou ne chauffera pas assez longtemps. Réunir un tel tas n'est déjà pas, en soi, une sinécure…
Le rapport carbone/azote (dit « C/N ») : C'est l'activité des bactéries au sein du tas qui provoque la montée en température. Or, les bactéries utilisent les matières carbonées (brunes, dures et sèches) comme carburant énergétique et les matières azotées (vertes, molles et humides) pour leur croissance. L'un et l'autre sont donc indispensable à l'efficacité et à la pérennité du tas. L'excès de carbone freine le processus de montée en température, quand celui d'azote provoque à l'inverse un échauffement très rapide mais de courte durée. Cette notion complexe de rapport C/N peut se simplifier en faisant des apports égaux en volumes pour les deux types de matières organiques, à bien mélanger au sein du tas.
L'humidité : elle permet le développement des bactéries. Au départ, les matières azotées, naturellement chargées en eau, jouent le rôle d'humidificateur. On peut par la suite réguler l'humidité par des arrosages ponctuels.
L'aération : elle favorise le développement des bactéries qui ont besoin d'oxygène pour proliférer et produire la chaleur. La présence des matières carbonées rigides, qui structurent le tas, favorise l'oxygénation.
Chaud devant !
Rassemblez d'emblée tous vos matériaux pour constituer le volume requis, quitte à aller en glaner de ci, de là. Mélangez soigneusement les matières en respectant l'équilibre carbone/azote, humidifiez si nécessaire, puis montez votre tas. La température grimpera rapidement dans les deux jours si toutes les conditions sont réunies. Retournez le tas dès que la température baisse pour maintenir l'aération et répartir l'humidité. Au besoin, l'incorporation de matières fraîches vertes et humides, comme la tonte, et l'apport d'eau favorisera de nouveau l'activité bactérienne. La transformation des matières au cœur du tas en compost marque la retombée définitive des températures.