On trouve depuis quelques années chez certains pépiniéristes spécialisés, de nouvelles espèces d'arbres fruitiers, rares ou originales. Exotiques ou non, elles sont relativement bien adaptées à la culture sous nos climats et offrent aux jardiniers curieux l'occasion de varier les goûts et les plaisirs.
Bien sûr, comme l'a écrit M. de Bourbon Busset, « chercher l'originalité dans la nouveauté est une preuve d'absence d'originalité ». Mais donner dans l'inédit afin d'épater la galerie n'est sans doute pas la première motivation du jardinier qui installe dans son jardin un de ces fameux arbres fruitiers nouvellement apparus dans les catalogues d'arboriculture. Des saveurs, des formes et des usages nouveaux, voilà plutôt ce qu'il recherche auprès de ces essences qui, par-dessus le marché, sont souvent très faciles à cultiver. Et puis de toute façon, rassurons-nous, la nouveauté ne dure jamais bien longtemps.
Des origines diverses
Les arbres fruitiers rares ou originaux sont des végétaux méconnus et donc peu présents dans nos jardins. Il s'agit d'arbres exotiques ou non, parfois issus de croisements artificiels, dont les besoins de culture correspondent à peu près aux conditions climatiques que l'on retrouve en France métropolitaine. Rustiques, ils peuvent donc y pousser et fructifier sans encombre et nécessitent généralement peu d'entretien. Mieux, ils sont souvent insensibles aux ravageurs et aux maladies que l'on rencontre chez nous et ne nécessitent donc aucun traitement particulier. Il est cependant possible que cette situation évolue avec le temps.
L'asiminier (Asimina triloba)
L'asiminer ou « Paw-paw » est un arbre originaire d'Amérique du Nord. Hautement rustique (-20 °C), trapu (8 m) et supportant autant le soleil que l'ombre, l'asiminier se cultive en France sans grande difficulté à condition de lui offrir un sol profond, pas trop calcaire et peu pierreux où il pourra enfoncer sans encombre sa longue racine pivotante. Ses fruits en forme de grosses fèves de cacao ont un étonnant goût de banane et de mangue. Cependant, ils ne se conservent pas longtemps après la récolte et doivent donc être dégustés « sur l'arbre ». D'où l'intérêt de le cultiver…
Le pacanier (Carya illinoinensis)
Le pacanier est également un arbre originaire d'Amérique du Nord. Produisant les délicieuses noix de pécan, c'est un arbre majestueux, pouvant atteindre plus de vingt mètres de hauteur, dont la croissance est relativement rapide. S'il est aussi rustique que l'asiminier, la maturation de ses noix requiert des fins d'été assez chaudes qui peuvent lui faire défaut dans certaines régions françaises. Comme pour le cerisier, afin d'assurer la pollinisation des fleurs, il est souvent nécessaire de planter deux individus de variété différente.
Le feijoa (Acca sellowiana)
Le feijoa ou goyavier du Brésil n'est pas un arbre mais un arbuste. Relativement rustique (-15 °C), on peut très avantageusement l'utiliser en haie brise vue car son feuillage est persistant, d'autant que sa croissance moyenne et sa hauteur à maturité (3 à 4 m) n'impliquent pas des tailles fréquentes. Son élégant feuillage gris vert et ses superbes fleurs printanières blanches aux longues étamines rouges, font du feijoa une plante très esthétique que l'on peut également planter en sujet isolé. Mais c'est évidemment par ses petits fruits oblongs de la taille d'un kiwi qu'il étonne le plus. Ils apparaissent massivement dans le courant de l'automne et déboussolent les papilles avec leur puissant goût acidulé et sucré, étonnant mélange d'ananas, de mangue et de fraise.
Et les autres !
Nashis, bananiers et agrumes rustiques, plaqueminiers, jujubiers, ainsi que tous les hybrides obtenus à partir de l'abricot (abricot-prune, cerise, pêche, mirabelle) font également partie de la liste des fruitiers originaux à découvrir d'urgence.