Les intelligences artificielles génératives progressent rapidement et ouvrent de nouveaux horizons, tout en bousculant en profondeur de nombreux secteurs. Pour la majorité des acteurs de la tech, l'IA est une révolution aussi importante que ce qu'a pu être internet ou le smartphone. La course bat son plein et de nouveaux challengers viennent défier le roi ChatGPT.
Il n'est pas aisé de suivre le rythme imposé par les intelligences artificielles. Chaque jour, une nouvelle annonce fracassante vient remodeler ce paysage naissant en expansion rapide. Une chose est sûre, malgré les inquiétudes légitimes des gouvernements et des corps sociaux, la plupart des grands acteurs de la tech se sont lancés dans une course effrénée. Tous veulent disposer et proposer un modèle génératif. L'objectif est clair : rattraper le leader OpenAi, par qui cette brèche de l'intelligence artificielle s'est ouverte. L'impact de la dernière fonctionnalité phare de ChatGPT, qui permet de « voir » et d'interroger des images, reste à évaluer, mais promet d'être considérable dans de nombreux domaines. Si l'on ajoute à cela la capacité qu'a désormais le modèle de synthétiser une voix convaincante à partir d'un texte ou de générer des images, nous ne sommes plus très loin de l'intelligence artificielle autonome ou AGI. OpenAI, anticipant cet avènement, lance également des « GPTs » spécialisés et personnalisables, capables d'accéder à internet, de se servir des documents passés par l'utilisateur comme base de connaissance et de coder. Dans l'esprit d'un AppStore, OpenAI prévoit de proposer un store d'intelligences artificielles où les développeurs seraient rétribués pour la créativité et le succès de leurs agents intelligents.
La riposte s'organise
Sur le papier, l'offre du leader du secteur a de quoi impressionner. Dans les faits, sa situation est plus incertaine qu'il n'y paraît. La nécessité de cadrer cet algorithme de plus en plus puissant afin que ses usages ne deviennent pas hors de contrôle, et les ressources considérables qui vont devoir être déployées par OpenAi pour maintenir, modérer et faire prospérer son nouveau store d'agents, détourneront immanquablement l'entreprise de son métier premier : créer des modèles d'intelligence artificielle. La firme devait d'ailleurs dévoiler un nouveau modèle, sorte de GPT 5, mais ses performances étaient si décevantes que sa présentation a été repoussée. La concurrence a bien compris que le leader perd de son avance. En rachetant Twitter pour 40 milliards de dollars, Elon Musk avait une petite idée derrière la tête : utiliser la somme considérable de données générées et stockées par le réseau social pour entraîner un modèle propriétaire. Celui-ci vient de voir le jour et répond au doux nom de Grok. Pour le moment en version de test, cette IA sera déployée sur X, ex-Twitter, dans les semaines à venir. Cet agent conversationnel est à l'image de son propriétaire : assez peu policé et direct, contrastant avec le caractère exagérément lisse de ChatGPT. Google, qui a manqué le premier round, prépare Gemini, un modèle qui s'annonce nettement plus performant que ChatGPT. Samsung vient de présenter Gauss, une IA si efficiente qu'elle peut être installée sur des smartphones, malgré la puissance de calcul limitée de ces derniers. Gauss peut résumer des textes et générer des images. Il se murmure qu'Apple serait en passe de tout bousculer avec une version made in Cupertino révolutionnaire. Mais le véritable dynamisme est à chercher du côté des modèles ouverts et de la communauté open source. Meta (Facebook) a choisi cette voie pour contrer ses concurrents et, avec LLama 2, propose un modèle fondateur très performant que tous les développeurs peuvent affiner à leur guise, obtenant des performances dépassant GPT 3.5. LLama 3 est prévu pour le début d'année prochaine. Mistral AI a lancé le stupéfiant Mistral 7B, un petit modèle qui, peaufiné, est aussi puissant que les gros. L'entreprise française désormais valorisée à plus d'un milliard d'euros met la dernière touche à Mistral 70B, dix fois plus gros donc, qui promet de redistribuer les cartes. La Chine n'est pas en reste avec, notamment, le bluffant Yi-34B. L'Arabie saoudite non plus qui a ouvert son Falcon. Ce n'est plus le champion américain OpenAi qui dicte le rythme.
