Microsoft lance sa première console portable PC en partenariat avec Asus. Vendue entre 600 et 900 euros, la ROG Xbox Ally arrive sur un marché de niche déjà occupé par le Steam Deck et ses rivaux. Sa promesse : offrir un expérience Xbox unifiée. Tenue ?
Microsoft franchit enfin le seuil du jeu portable PC, un territoire que le Steam Deck de Valve a colonisé depuis près de quatre ans. Cette arrivée tardive n'a pourtant rien d'impulsif. Phil Spencer, le patron de Xbox Games, en rêvait depuis longtemps : créer une machine qui donnerait aux joueurs le « ressenti d'être sur l'écran d'accueil d'une Xbox », où qu'ils se trouvent. La ROG Xbox Ally, née d'un partenariat avec Asus, incarne cette vision. Sur un marché de niche où le Steam Deck s'est vendu à environ 4 millions d'exemplaires en trois ans, Microsoft mise sur l'écosystème plutôt que sur la performance brute. Reste à savoir si cette stratégie suffira à convaincre des joueurs déjà bien équipés, alors que la Switch 2 de Nintendo trône sur les étals depuis juin dernier avec plus de 5,8 millions d'unités écoulées en quelques mois.
L'experience Xbox pour remporter la mise
La grande promesse de la ROG Xbox Ally tient en une interface : la « Xbox Full Screen Experience ». Cette surcouche logicielle, accessible via un gros bouton «X» sur la tranche gauche de l'appareil, transforme théoriquement Windows 11 en une console. Fini le bureau encombré, les fenêtres qui s'empilent, les menus contextuels qui surgissent au mauvais moment. À la place, un environnement épuré qui agrège les jeux provenant du Xbox Game Pass, de Steam, de l'Epic Game Store ou de GOG dans une bibliothèque unifiée. L'idée séduit sur le papier : pouvoir lancer n'importe quel jeu depuis un seul endroit, sans jongler entre les launchers. Microsoft promet également un gain de performance. L'ambition est claire : faire oublier qu'il s'agit d'un PC Windows déguisé en console.
Double fiche technique
Microsoft et Asus déclinent la ROG Xbox Ally en deux versions qui ciblent des profils de joueurs diamétralement opposés. Le modèle de base, drapé de blanc et affiché à 600 €, embarque une puce AMD Ryzen Z2 A dont les spécifications techniques rappellent étrangement celles du Steam Deck original : architecture Zen 2, huit cœurs graphiques RDNA 2, des caractéristiques datées pour 2025. À l'autre bout du spectre, la ROG Xbox Ally X, tout de noir vêtue, vise les joueurs exigeants avec un tarif qui grimpe à 900 €. Sous le capot : un AMD Ryzen AI Z2 Extreme flambant neuf avec huit cœurs CPU (trois Zen 5, cinq Zen 5c) cadencés jusqu'à 5 GHz, seize cœurs graphiques RDNA 3.5, 24 Go de RAM LPDDR5X et 1 To de stockage. Une configuration musclée qui se paye au prix fort, s'approchant dangereusement des tarifs pratiqués des premiers bons PC.
La règle du jeu
La ROG Xbox Ally incarne parfaitement le grand écart qui caractérise les consoles portables PC : capable du meilleur comme du pire selon les jeux lancés. Le modèle de base peine à convaincre sur les titres AAA récents. Certains titres, comme Doom : The Dark Ages, ne s'ouvrent que si tous les paramètres graphiques sont au minimum. De Forza Horizon 5 à Shadow of the Tomb Raider, les réglages fins et l'activation systématique de l'AMD FSR (l'upscaling logiciel d'AMD) s'imposent pour éviter les saccades. La version X tient bien mieux la route avec des performances solides qui placent la machine au-dessus de la concurrence directe. Mais dès que la console quitte le secteur pour fonctionner sur batterie, la chute est brutale. Reste que l'expérience, quand on a intégré que nous ne serons jamais face à des machines de guerre, est loin d'être désagréable. Les poignées latérales, inspirées des manettes Xbox, sont un vrai plus. L'écran IPS 7 pouces s'avère parfaitement calibré avec un rafraîchissement de 120 Hz véloce. La batterie de 80 Wh tient ses promesses : trois heures sur des jeux exigeants comme Gears of War Reloaded, jusqu'à six heures sur des titres plus légers. La place pour cette console Xbox n'est pas grande, mais elle existe.


