Promesse de longue date, les lunettes connectées reviennent sur le devant de la scène avec les Meta Ray-Ban Display. Plus discrètes, plus intelligentes et surtout plus intégrées, elles témoignent de l'ambition renouvelée de Mark Zuckerberg de façonner l'ère post-smartphone.
Lors de la présentation mouvementée des nouvelles lunettes connectées signées Meta et Ray-Ban depuis la scène feutrée du campus de Menlo Park, le géant de la Silicon Valley a affirmé avoir franchi un nouveau cap dans ce qui demeure un vieux rêve du visionnaire Zuckerberg. Glissant un écran haute définition dans une paire de Wayfarer, épaulée par un bracelet neuronal capable de comprendre les gestes à même la peau, la nouvelle formule a de quoi attirer l'attention. L'époque des gadgets maladroits semble loin derrière : ici, l'ambition est immense. Mais entre la beauté de la promesse et les ratés de la démonstration publique orchestrée par le patron de Meta en personne, les Meta Ray-Ban Display cristallisent à la fois l'espoir d'une informatique invisible et les doutes sur sa maturité.
Bon poignet, bon œil
Les Meta Ray-Ban Display incarnent la convergence de plusieurs décennies d'expérimentations sur les technologies portées. À première vue, elles reprennent la silhouette familière des Wayfarer, mais logent dans leur verre droit un écran couleur de 600 x 600 pixels, invisible pour l'entourage, qui se réveille d'un simple geste. Grâce à la caméra 12 mégapixels, au micro multidirectionnel ou encore aux verres adaptatifs Transitions, chaque détail du design cherche à effacer la frontière entre accessoire de mode et gadget futuriste. Mais c'est surtout le bracelet Neural Band, inclus dans le lot qui intrigue : posé au poignet, ce textile souple et élégant embarque des capteurs capables de lire, via l'électromyographie (EMG), l'infime activité des muscles de la main. Il suffit alors de pincements ou de gestes subtils, même à l'aveugle sous une table, pour piloter l'interface, afficher le menu, scroller ou répondre à un appel sans toucher ni la monture, ni le téléphone. L'ensemble esquisse la gestuelle d'une informatique véritablement ambiante, presque silencieuse.
L'art de la discrétion
Les lunettes affichent, dans un discret halo flottant juste devant l'œil, messages, notifications, photos partagées ou vidéos Instagram, sans que le passant ne perçoive quoi que ce soit. On y suit un itinéraire tour à tour, on lance une traduction instantanée d'un menu en voyage, on prend une photo à la volée ou l'on consulte les réponses de Meta AI, l'assistant embarqué. Une nouveauté marquante : la capacité de tracer des lettres du doigt sur une surface, pour répondre à un message sans voix. Au chapitre de l'accessibilité, la reconnaissance de parole, couplée à l'affichage des sous-titres, est une avancée majeure pour faire tomber la barrière des langues et pour les malentendants. En somme, l'objectif est d'orchestrer le numérique pour qu'il s'efface derrière les gestes du quotidien.
Un nouvel écosystème
L'arrivée des Meta Ray-Ban Display ne se limite pas à une démonstration technologique : elle s'inscrit dans une stratégie industrielle et commerciale d'une rare ambition, celle de faire pivoter l'écosystème Meta vers le paradigme du « post‑smartphone ». Dès le lancement, Meta multiplie les partenariats, affichant en tête la distribution conjointe avec EssilorLuxottica, leader mondial de l'optique. L'intégration de services maison — Instagram, Messenger, WhatsApp — transforme les lunettes en relais naturel de la galaxie Meta, avec un accent sur la capture et le partage à la volée. Des collaborations avec Spotify ou Uber annoncent d'ores et déjà l'extension du catalogue applicatif. Dans les coulisses, la stratégie table sur la viralité des usages et l'effet réseau : chaque utilisateur devient une vitrine ambulante, accélérant l'acceptation sociale du port de lunettes connectées. À terme, l'enjeu consiste à faire émerger une plateforme autonome, capable d'exister sans le tuteur du smartphone, et d'ancrer Meta dans la vie quotidienne aussi naturellement que le furent jadis les téléphones portables.