Pétrole contre pixels, Electronic Arts passe sous pavillon saoudien - Minizap Grenoble
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Pétrole contre pixels, Electronic Arts passe sous pavillon saoudien

C'est un séisme dans l'industrie du jeu vidéo. Electronic Arts, l'éditeur américain derrière EA Sports FC (ex-FIFA), vient d'être racheté pour 55 milliards de dollars par un consortium mené par l'Arabie saoudite. Une opération record qui fait passer le jeu de football le plus vendu au monde sous pavillon saoudien et confirme les ambitions démesurées du royaume dans le divertissement numérique.

Le footballeur virtuel le plus célèbre du monde vient de changer de propriétaire. Electronic Arts, l'éditeur américain qui fait vibrer des millions de joueurs avec EA Sports FC (l'ex-FIFA), Les Sims ou Battlefield, passe sous contrôle saoudien pour la somme vertigineuse de 55 milliards de dollars. Un montant qui donne le tournis : c'est l'équivalent de ce que l'Arabie saoudite tire du pétrole... en deux mois et demi. Derrière cette acquisition record se cache un trio d'investisseurs aux profils contrastés : le fonds souverain saoudien piloté par Mohammed ben Salmane, le géant américain de la finance Silver Lake, et plus surprenant, Affinity Partners, la société de Jared Kushner, gendre de Donald Trump.

Montage record

L'opération annoncée, fin septembre, établit un nouveau record dans l'histoire des rachats par endettement. Les actionnaires d'EA recevront 210 dollars par action, soit une prime de 25% par rapport au cours de bourse avant les premières rumeurs - un cadeau de départ qui fait oublier les années de stagnation boursière. Le montage financier repose sur un mécanisme de LBO (leveraged buyout) avec une dette colossale de 20 milliards de dollars que les nouveaux propriétaires devront rembourser grâce aux futurs profits de l'entreprise. Si les régulateurs donnent leur feu vert, la transaction devrait être finalisée au printemps 2026, marquant la sortie définitive d'EA de la Bourse après plus de trente ans de cotation.

À bout de souffle

Fondé en 1982 par Trip Hawkins, un ancien d'Apple passionné de football américain, Electronic Arts s'est imposé comme le roi incontesté du sport virtuel. Chaque année depuis 2014, EA Sports FC trône en tête des ventes en France et dans le monde, générant des milliards grâce aux cartes de joueurs virtuels que s'arrachent les fans. Mais derrière cette domination se cache une réalité moins glorieuse : les revenus stagnent autour de 7,5 milliards de dollars depuis trois ans, coincés entre la saturation du marché et l'explosion des coûts de développement. L'entreprise a licencié plus de 1500 employés entre 2024 et 2025, soit environ 10% de ses effectifs. Les échecs s'accumulent, comme celui récent de Dragon Age: The Veilguard qui n'a pas atteint ses objectifs commerciaux. Andrew Wilson, PDG depuis 2013, reste aux commandes mais hérite d'une situation paradoxale : libéré de la pression trimestrielle des marchés financiers, EA pourrait retrouver sa liberté créative, mais devra désormais satisfaire des propriétaires aux ambitions géopolitiques qui dépassent largement le simple retour sur investissement.

Un royaume en conquête

Le rachat d'EA s'inscrit dans une stratégie massive orchestrée par Mohammed ben Salmane : faire de l'Arabie saoudite la plaque tournante mondiale par excellence pour le secteur des jeux et de l'e-sport d'ici 2030. Le royaume ne lésine pas sur les moyens, avec 38 milliards de dollars annoncés en 2022 pour conquérir l'industrie vidéoludique. Cette offensive s'est déjà traduite par des coups d'éclat : l'acquisition de Scopely pour 4,9 milliards en 2023, puis celle de la division jeux de Niantic (Pokémon Go) pour 3,5 milliards cette année. Sans compter les participations dans Nintendo, Capcom ou Take-Two. Le jeu vidéo n'est qu'une pièce d'un puzzle plus vaste baptisé Vision 2030, un plan pharaonique qui vise à sevrer le royaume de sa dépendance pétrolière. Entre les Jeux olympiques d'e-sport prévus à Riyad en 2027, le rachat du club de Newcastle et l'organisation probable de la Coupe du monde 2034, l'Arabie saoudite tisse méthodiquement sa toile dans l'univers du divertissement mondial. Avec EA dans son escarcelle, le royaume s'offre un levier d'influence culturelle sans précédent : toucher chaque semaine des centaines de millions de joueurs à travers la planète.

City Presse
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© EA
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