Concept miroir du célèbre « placebo », l'effet nocebo, dérivé du latin « je nuirai », se définit par l'apparition d'effets psychologiques ou physiologiques négatifs suite à la prise d'un traitement inactif. On peut par exemple commencer à ressentir les effets indésirables d'un médicament après avoir lu sa notice… ou en tombant sur des contenus abordant le sujet sur les réseaux sociaux.
Des effets bien réels
Se croire malade suffirait donc à se rendre malade ? Théorisé dans les années 1960, le jumeau maléfique du placebo implique une forme d'auto-persuasion, certes. Mais les effets négatifs sont bel et bien ressentis par les personnes qui en témoignent. D'un point de vue biologique, certaines études penchent pour le rôle de la cholécystokinine, hormone que le corps produit davantage lorsqu'il se sent menacé, et qui pourrait abaisser le seuil d'activation des récepteurs de la douleur. D'autres relèvent l'implication du système dopaminergique, activé de manière inverse à l'effet placebo.
Un algorithme boosté aux inquiétudes
À l'heure où les fake news inondent les réseaux sociaux, ces derniers catalysent le phénomène, de même que l'emballement médiatique autour de certains sujets, même si correctement sourcé. En 2022, des chercheurs américains ont ainsi relevé que près de 76 % des effets indésirables des vaccins contre le Covid-19 (enjeu de santé publique numéro 1, alors sujet à la désinformation) seraient liés à l'effet nocebo. Les réseaux sociaux sont d'autant plus pernicieux que leurs algorithmes sont nourris des habitudes de leurs utilisateurs : en recherchant un sujet spécifique lié à ces questions de santé, ou en interagissant avec le contenu affilié, on est ainsi de plus en plus exposé à ce type de contenu, ce qui vient accroître l'inquiétude… et donc le risque de développer des effets indésirables. A contrario, l'éducation aux médias, le développement de la pensée critique, mais surtout l'existence d'une relation de confiance entre le médecin et le patient, peuvent jouer un rôle de contrepoids.