Santé

Quel impact de la Covid-19 sur la lutte contre le VIH ?

Dépistages en forte baisse, traitements abandonnés, impact psychologique fort chez les personnes atteintes du VIH, la crise sanitaire liée à la Covid-19 a frappé de plein fouet les efforts menés depuis des années dans la lutte contre le sida. Entretien avec Sandrine Fournier, directrice du pôle Financements, Recherche et Associations du Sidaction.

Alors qu'en 2018, pour la première fois depuis plus de dix ans, on enregistrait une baisse significative des cas de VIH diagnostiqués, la crise liée à la Covid-19 est venue ternir le tableau. Un an après le début de ce tsunami sanitaire, les associations font déjà de tristes constats : moins de dépistages et un impact psychologique fort chez les personnes séropositives. À l'occasion du Sidaction, qui a lieu les 26, 27 et 28 mars, nous nous sommes entretenus avec Sandrine Fournier, directrice du pôle Financements, Recherche et Associations du Sidaction.

Quel a été l'impact du coronavirus sur la prévention, le dépistage et le traitement du VIH ?

En 2018, nous avons observé une baisse des nouveaux diagnostics, une première depuis plus de dix ans. Au total, ce sont – 7% de cas diagnostiqués en France grâce à la conjonction de plusieurs facteurs : d'abord un recours accru au dépistage, mais aussi la mise en place de nouveaux dispositifs comme les tests rapides ou la PrEP*.
Avec l'arrivée du coronavirus, en 2020, on a dénombré 570 000 dépistages en moins entre janvier et octobre, et 56 % de moins durant le premier confinement. Avec la crise sanitaire, le dépistage est moins accessible et les prescriptions de PrEP ont chuté, car ce sont des médicaments prescrits, la plupart du temps, dans les hôpitaux.
Pourtant, se faire dépister est essentiel à tous les âges : plus on est dépisté tôt, plus on est traité rapidement. Et aujourd'hui, si l'on est traité pour le VIH, on ne peut pas le transmettre et l'on stoppe donc les contaminations et la propagation du virus.

Comment les personnes atteintes par le VIH vivent-elles la situation sanitaire actuelle ? Sont-elles davantage exposées à la Covid-19 ?

Pour l'instant, nous avons surtout des remontées des associations financées par le Sidaction (67 au total en France). Il faut savoir que la plupart des personnes atteintes du VIH connaissent une précarité économique importante. Souvent, elles ont connu des traitements toxiques ou des carrières à trou, ce qui les fragilise économiquement parlant.
À l'heure actuelle, par exemple, les travailleuses du sexe ne peuvent pas prétendre aux aides de l'État et sont parfois contraintes à des rapports non protégés. Cette crise sanitaire est aussi un enfer pour les personnes incarcérées, dont certaines ont été libérées mais se sont retrouvées à la rue. Et pour les plus âgés qui ont le VIH, on observe une situation d'isolement accrue. Mais le plus inquiétant, c'est l'observance des traitements : beaucoup ne prennent plus leurs médicaments.
Au niveau de l'impact de la Covid sur la santé en général, nous n'avons pas encore de données. Des études sont en cours mais il faut savoir que les personnes atteintes du VIH ont accès au vaccin de manière prioritaire.

Quel est l'impact de la crise sanitaire sur la recherche et sur la production d'antirétroviraux ?

En France, nous n'avons pas souffert de rupture de médicaments. En Afrique, par contre, il y a eu de vrais soucis d'acheminement des traitements à cause du trafic (aérien, maritime...) à l'arrêt.
Quant à la recherche, les chercheurs ont été mobilisés pour la Covid-19 donc il y a forcément eu des ralentissements dans ce domaine. Mais le problème, c'est que le budget n'augmente pas alors que les besoins si. On craint également pour les associations, qui font de la prévention auprès des publics particulièrement touchés par le VIH (communauté LGBT, travailleuses du sexe, migrants, etc.). Même durant la crise sanitaire, elles restent extrêmement mobilisées, mais sans financements, leur travail risque de devenir compliqué.

Comment s'articule la campagne du Sidaction cette année ?

On a tenu bon en 2020, même si l'absence du Sidaction n'a pas permis de collecte suffisante. Cette année est cruciale car cet événement, c'est un tiers de nos financements. Cette année, nous misons énormément sur la mobilisation médiatique et l'émission de samedi soir en prime. En 2019, nous avons récolté 4 500 000 €, on espère faire autant cette fois-ci. Évidemment, crise sanitaire oblige, on ne peut pas organiser d'actions locales de collecte, dans la rue etc. Vous pouvez en revanche faire un don sur Sidaction.org.

* La PrEP (prophylaxie pré-exposition) est une méthode de prévention qui propose un médicament contre l'infection par le VIH à une personne non infectée. Elle s'adresse à des hommes et des femmes exposés par leurs pratiques à un haut risque de contracter le virus. Elle consiste en une prise continue (un cachet par jour) ou discontinue (avant et après le rapport sexuel à risque). C'est un traitement remboursé à 100% par la Sécurité sociale.

Propos recueillis par M.K
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