Quatre paysages

« On peut s’arrêter face au paysage comme devant un « spectacle » - spectaculum, dit Pétrarque, du haut du Ventoux : le regarder d’un « point de vue », en contempler l’harmonie et la variété, en apprécier la composition ; peut-être y déceler, plus minutieux, quelque géométrie sous-jacente. On peut aussi scruter l’horizon bornant cette étendue, en balayer le panorama en « observateur », déclarer : « C’est beau ! », et s’en aller.
Mais un paysage peut être tout autre chose. »
C’est avec ces mots que le philosophe François Julien introduit son livre intitulé « Vivre de paysage », et qui résonnent particulièrement pour aborder l’exposition « Quatre paysages ». Les tableaux présentés témoignent d’authentiques moments de rencontre avec des lieux, car tous sont « peints sur le motif », tel que les impressionnistes l’ont largement pratiqué. De ce moment de rencontre privilégié, le tableau reste comme une trace, que le peintre peut alors partager avec les autres.
Peindre la mer qui s’arrête au pied des hautes falaises de la côte d’Albâtre ou l’authentique chalet d’alpage du Glarnerland n’a pas pour but de produire une image pittoresque, mais parle simplement du désir du peintre de vouloir retrouver le lien avec ses racines. Tenter de saisir le mariage heureux du rouge et du vert qui borde le lac du Salagou ou bien encore parcourir les chemins de campagne du Dauphiné à la rencontre de son patrimoine, parlent ici de ses attaches nouvelles. Ce sont quatre lieux de forte identité, aux paysages contrastés, que le peintre propose de faire parler. »