Tour de fête de Michel Gasarian

Neuf heures, tous les accès sont bloqués. Les cols et les lacets se transforment en huis clos dans un théâtre alpin à ciel ouvert. Au loin, la rumeur monte. On s’approche, et les couleurs commencent à fredonner, petites taches vives qui vont, viennent et fourmillent le long des boucles du parcours. Au bout c’est une foule en liesse. Amoureux fous de la petite reine, ils ont plantés le décor : bicyclettes, motos, voitures et caravanes. Ils engorgent les flancs et la chaussée tels des aficionados venus prendre sur les bords du Tour le vélo par les cornes. Français, Belges, Hollandais, Britanniques, Danois, Allemands, Américains, Espagnols, Italiens, Russes… Ils sont tous là, venus communier, partager cette course légendaire. Sans eux, la compétition perdrait de sa superbe et de son sens.

Nomades sans gradins ni stades, ils s’installent au fil du Tour, dans les plaines, aux sommets des cols, dans les hameaux et les grandes villes. Michel Gasarian rend un hommage décalé à ces supporters colorés et désarmants et les photographie avec la bienveillance burlesque d’un Jacques Tati. Il raconte cette boucle humaine, jalonne ses lieux de mémoire héroïques où parfois tragiques, sillonne ses étapes mythiques au coeur des Alpes, Avoriaz, l’Alpe d’Huez, le Galibier, le Mont Ventoux… Ses images sont un miroir tendre, drôle et très sérieux.