Jardin

Au potager, pas de nettoyage d'automne

M. F. n'est pas le genre de jardinier à faire des heures supplémentaires si elles ne sont pas justifiées. Voilà pourquoi à l'automne, il ne fait pas de grand nettoyage de fin de saison.

Fin de règne

Le début du mois d'octobre marque un changement de saison au potager, caractérisé par le dépérissement des légumes d'été. Aubergines, tomates, poivrons, haricots, concombres, courges ou courgettes vont bientôt mourir de froid, anéantis par les premières gelées. Ils libèrent à cette occasion de nombreuses parcelles pour d'éventuelles cultures d'hiver. C'est souvent l'occasion de procéder à un grand ménage automnal, qui consiste à arracher tous les pieds de plantes mortes et à les mettre au compost. Une opération chronophage et dispensable.

Abandonné sur place

Plutôt que d'arracher les souches mortes ou moribondes, M. F. préfère les laisser en place et les abandonner à l'appétit vorace de la pédofaune. Un coup de sécateur au ras du sol, et le tour est joué. Les racines vont se dégrader lentement dans la terre, créant au gré de leur décomposition des galeries qui favorisent l'oxygénation du sol et limitent le tassement. Ainsi laisse-t-il le précieux substrat présent autour des mottes, très riche en micro-organismes et en mycorhizes. Les parties aériennes sont quant à elles rapidement tronçonnées avec le sécateur et déposées sur le sol en guise de paillage.

En direct et non en différé

La décomposition directe des matières organiques sur le sol est plus favorable à ce dernier que l'épandage ultérieur du compost élaboré à partir de ces mêmes matières. En effet elle génère une activité biologique indirecte (triturage, fouissement, déjections…) qui contribue elle aussi à nourrir, décompacter et aérer la terre. Dans un sol riche en micro-organismes décomposeurs, les spores des champignons pathogènes (oïdium, mildiou…) sont naturellement détruites. Les jardiniers dubitatifs pourront toujours les mettre au compost, où ils subiront le même sort, et les plus septiques, les brûler.

Benoit Charbonneau