Jardin

Contre le carpocapse, la lutte débute dès la fin de l'été

Le carpocapse est un petit papillon nocturne qui a la mauvaise habitude de pondre ses œufs sur bon nombre de fruits d'automne que l'appétit vorace de leurs chenilles rend en grande partie inconsommables. Si vos arbres en sont les malheureuses victimes, c'est la récolte de l'année prochaine qu'il faut dès à présent s'évertuer à sauver.

Le ver est dans le fruit ! Si à l'heure de la cueillette, vos pommes et vos poires sont véreuses c'est qu'une larve de carpocapse est sans doute passée par là. Faites-vous une raison, la récolte de cette année est en partie perdue. Mais ne baissez pas pour autant les bras et engagez dès à présent la lutte qui sauvera vos fruits dans trois cent soixante-cinq jours exactement. « La patience est une forme de désespoir déguisé en vertu » (Ambrose Bierce).

L'effet papillon

Petit lépidoptère nocturne gris brun aux ailes rayées, le carpocapse (Cydia pomonella) est le cauchemar des cultivateurs de pommier ou de poirier, et dans une moindre mesure, de cognassier et de noyer. La femelle pond des œufs sur les fruits et les feuilles d'où émergent de petites chenilles affamées. Après quelques jours d'errance à la surface du fruit, chacune pénètre dans la chair vers les pépins dont elle se nourrit. Après vingt à trente jours, elle en ressort pour former un cocon, dans l'écorce du tronc ou directement dans le sol. Elle entre alors en diapause jusqu'au printemps suivant ou bien, si la saison n'est pas trop avancée, elle se transforme directement en chrysalide pour donner naissance à une nouvelle génération de papillons. Les chenilles que l'on retrouve dans le fruit au moment de la récolte font généralement partie de la dernière génération. En intervenant dès l'automne on réduit de fait les éclosions de printemps.

La lutte manuelle

Le premier geste de résistance automnale consiste à ramasser tous les fruits véreux qui sont tombés suite aux dégâts provoqués par la chenille. Des larves pourraient y subsister, et il convient de les éliminer. Broyez ou écrasez les fruits, puis mettez-les au compost. Dans le même temps, disposez autour des troncs des bandes de carton ondulé dans lesquelles les larves qui migrent pour l'hibernation viendront trouver refuge afin de se transformer et entrer en dormance hivernale. Inspectez ces abris tous les mois jusqu'à la fin septembre, et sans aucune pitié, écrasez les larves et les cocons que vous récolterez, avant de repositionner les cartons. En octobre, les chenilles ayant cessé de circuler, vous pourrez alors retirer les pièges.

La bataille bio

À la fin du mois de septembre, les dés sont jetés. Pour passer l'hiver, une partie des chenilles s'est réfugiée dans les anfractuosités du tronc, une autre dans la terre, au pied de l'arbre. Contre ces dernières, arrosez le sol avec une solution à base de nématodes Steinernema feltiae ou Steinernema carpocapsae, qui sont des prédateurs naturels des larves de carpocapse. Ne tardez pas trop car ces organismes ont besoin d'un sol à 10 °C pour survivre. Après dissémination, maintenez la terre humide pendant au moins trois semaines. Pour tuer les chrysalides restées dans l'écorce, pulvérisez sur les troncs et les premières branches charpentières de l'huile blanche afin de les asphyxier. Vous vous débarrasserez par la même occasion des larves d'autres ravageurs tels que les cochenilles ou les pucerons, mais aussi hélas, de quelques autres insectes auxiliaires en hivernation.

Vas-y ma poulette !

Si vous avez des poules, n'hésitez pas à les lâcher quelques jours durant dans le verger. Avec l'avidité qu'on leur connaît, elles gratteront le sol pour mettre à jour les larves en diapause et s'en délecter. Au passage, leurs fientes bourrées d'azote constitueront un engrais d'appoint fort bienvenu à vos arbres.

Benoit Charbonneau