Jardin

Ramasser les feuilles mortes, les stocker et les valoriser

Il y a bien longtemps que la feuille morte d'automne n'est plus considérée comme un vulgaire déchet vert, mais bel et bien comme une ressource. Alors certes, il faut toujours se fatiguer à la ramasser, mais on ne l'évacue plus. Bien au contraire, on la valorise précieusement dans le jardin.

La base d'un cycle

Mine de rien, la feuille morte est à la base du modèle autonome le plus efficace du monde végétal : la forêt. En tombant de son arbre, elle forme une épaisse litière protectrice du sol, dont va se nourrir la pédofaune. L'activité microscopique mais frénétique de ces micro-organismes assure le brassage et l'oxygénation du sol, la création de l'humus et la libération lente des nutriments nécessaires à la croissance de l'arbre, et donc à la fabrication des nouvelles feuilles. Qui a déjà vu une forêt ayant besoin d'un apport d'engrais ?

Une corvée nécessaire

Ressource précieuse ou pas, il est de toute manière important d'éviter l'amoncellement des feuilles mortes sur la pelouse et les petits végétaux persistants, car sous ce tapis organique opaque, l'humidité stagnante et l'absence de lumière sont propices au pourrissement des parties aériennes et à l'apparition de maladies. Il en est de même sur les terrasses, les allées et les paillis minéraux, où leur présence est non seulement inesthétique, mais génère, après leur décomposition, la formation d'humus qui pourrait servir de substrat à des graines de plantes non désirées. Il est donc important de les ramasser.

Du matériel à la rescousse

Si dans les petits jardins, le ratissage est simple et rapide, dès que les surfaces grandissent, il se transforme rapidement en corvée. À la fatigue générée par le maniement du râteau, s'ajoute celle de la mise en tas ou de l'évacuation. C'est pourquoi il peut être pertinent de s'équiper d'un souffleur, qui permet d'amasser rapidement et efficacement de grandes quantités de feuilles. Pour dégager le gazon, ou ramasser les tas, l'utilisation de la tondeuse permet de broyer les feuilles et d'en réduire le volume. Enfin, pour les vastes pelouses, il existe des aspirateurs à feuilles, sous la forme de grandes et larges tondeuse, à condition toutefois d'avoir un budget conséquent.

Le pur paillage

L'utilisation la plus simple et la plus naturelle que l'on puisse faire des feuilles mortes, c'est l'épandage en épais paillis (5 à 10 cm), directement au pied des arbres et des arbustes, à la surface des massifs ou sur les plates-bandes inoccupées du potager. L'avantage est de protéger le sol durant l'hiver en limitant l'érosion et le lessivage, d'amoindrir les effets du froid sur la motte des plantes frileuses, tout en améliorant le sol.

Pour un compost équilibré

Les feuilles mortes peuvent aussi se stocker durablement près du composteur, en silo, afin d'être mélangées, en quantité équivalente, à chaque apport de résidus de cuisine ou, au printemps, de tonte. En effet, les feuilles mortes sont riches en carbone et permettent de réguler la très haute teneur en azote de ces déchets verts et humides qui peuvent provoquer fermentation et mauvaises odeurs. C'est le sacro-saint rapport carbone / azote rabâché par les maîtres composteurs, le fameux C/N.

Le nec plus ultra du terreau

Enfin, si on les laisse se décomposer naturellement en tas ou en silo, les feuilles mortes donnent, en deux ans, un substrat très fin, digne des meilleurs terreaux de repiquage.

Changement de paradigme

Les problèmes évoluent avec le nouveau regard que l'on porte sur la feuille morte. Le problème n'est plus d'évacuer ce volumineux déchet, mais de stocker cette abondante biomasse providentielle.

Benoit Charbonneau