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La 5G espère prendre de la vitesse

Présente désormais sur tous les continents, la 5G, la nouvelle norme de communication internet mobile, n'a pas connu le développement escompté. Lors du Mobile World Congress de Barcelone, qui s'est déroulé dans un contexte toujours particulier, l'heure était au premier bilan et aux perspectives pour les mois à venir.

Le Mobile World Congress (MWC) de Barcelone a été l'occasion de dresser un bilan du déploiement et de l'adoption de la 5G, la nouvelle norme haut débit de communication mobile. La grand-messe annuelle des professionnels du secteur de la téléphonie s'est déroulée en l'absence de nombreux grands noms, comme Qualcomm, Ericsson, Nokia, Sony ou Google, restrictions sanitaires obligent. Les regards étaient de fait tournés vers l'avenir et les perspectives offertes par cette technologie porteuse de promesses.

Convaincre le grand public

Alors que la 5G est aujourd'hui accessible sur l'ensemble des continents, son usage ne progresse pas au rythme attendu. Certes, dans certains pays, comme la Corée du Sud, les États-Unis ou la Chine, la nouvelle norme haut débit mobile commence à prendre son envol, la 4G ayant atteint son pic et commençant à refluer. L'équipementier Ericsson s'attend à ce que plus de 580 millions d'utilisateurs aient souscrit à un abonnement 5G d'ici à la fin de l'année et affirme encore que le standard sera celui qui aura été le plus rapidement adopté de l'histoire de la téléphonie mobile. Pourtant, la GSMA, l'association qui représente les plus grands opérateurs télécoms de la planète, a profité du MWC de Barcelone pour publier son rapport annuel. Les conclusions sont moins optimistes que les prévisions de la firme suédoise. La pandémie de coronavirus, par exemple, a contraint de nombreux pays, comme la France, soit à prendre du retard, soit à remettre en cause sa stratégie de développement des infrastructures sur une base plus lente. Avant tout, il convient de convaincre les abonnés. Plus de 30 % des clients sondés par l'association disent vouloir attendre de voir ce que la 5G peut réellement leur apporter avant de franchir le pas. Parmi ceux qui ont déjà adopté la technologie, le taux de satisfaction ne s'élève qu'à 67 %. Pour les 33 % restants, c'est la déception : les gains en termes de débit et de latence ne correspondent pas à ce qui était espéré. L'effet de surprise ressenti après le passage de la 3G à la 4G ne semble par avoir lieu aujourd'hui. Sans oublier les débats sur les hypothétiques conséquences sanitaires de l'exposition aux ondes, qui ont particulièrement fait rage, plus qu'ailleurs, en France.

Optimisme de rigueur

Les consommateurs ont bien compris que les progrès portés par la 5G seront davantage bénéfiques aux industriels et aux professionnels qu'au grand public. Pour autant, les grands manitous du secteur demeurent optimistes. Toujours selon la GSMA, le nombre de connexions 5G devrait être multiplié par huit entre 2021 et 2025, le standard représentant alors 20 % des échanges de données mondiaux. C'est seulement 4 % aujourd'hui, et même moins de 1 % en France. La Chine sera le grand moteur de cette migration puisque l'empire du Milieu consumera plus de la moitié du réseau. Sur les 1 000 milliards que les opérateurs ont prévu d'investir dans les quatre ans à venir, 80 % iront à la 5G. Le grand saut devrait intervenir, notamment en Europe, lors de la mise à disposition des ondes millimétriques. Pour le moment, le réseau 5G, hormis dans les pays très en avance, repose sur un cœur 4G. C'est pour cela que les gains en débit et en latence ne sont pas si flagrants. L'ouverture de la fameuse bande des 26 GHz, qui devrait être accessible aux opérateurs l'année prochaine en France, va permettre à la technologie de livrer son plein potentiel. L'Italie vient de franchir le pas, l'Allemagne très prochainement. Ces ondes millimétriques décongestionneront les espaces publics soumis à de grandes affluences (stades, gares, centres commerciaux, etc.) et permettront également de couvrir les territoires délaissés par la fibre optique de manière beaucoup plus performante que la 4G. Téléprésence, réalité augmentée, voiture autonome, ville intelligente… la 5G aura alors l'occasion de confirmer, ou non, toutes les promesses qui ont été faites en son nom.