Multimédia

La Chine lance une grande offensive contre les jeux vidéo

Déjà dans le collimateur des autorités chinoises depuis de nombreuses années, le jeu vidéo a de nouveau été ciblé par le gouvernement de l'empire du Milieu. Les autorités locales viennent en effet d'interdire aux mineurs l'accès aux jeux en ligne en semaine et au-delà d'une heure par jour le week-end.

Le jeu vidéo est depuis de nombreuses années dans le collimateur des autorités chinoises. Le gouvernement de Xi Jinping en a fait l'un de ses chevaux de bataille. Déjà en 2018, le président de la République démocratique chinoise avait lancé un vaste plan pour réduire progressivement le temps passé par les enfants et les adolescents devant les écrans. Jusqu'à présent, les jeux en ligne étaient déjà interdits d'accès aux mineurs entre 22 heures et 8 heures. L'objectif des autorités était multiple : lutter contre l'obésité infantile, l'inactivité, la déscolarisation ou encore la myopie. L'essor de cette maladie oculaire est en effet un phénomène préoccupant en Asie, où, selon les pays, 80 à 90 % des jeunes en fin de parcours scolaire ont des difficultés à voir de loin. Quelle que soit la raison officielle avancée, la guerre de l'empire du Milieu contre le jeu vidéo vient de prendre une nouvelle tournure encore plus drastique. Début août, l'Economic Daily, journal qui sert de relais gouvernemental, avait déjà donné le ton en estimant que ce loisir était devenu un « opium mental », référence directe à la citation de Karl Marx sur la religion. « L'addiction des mineurs à Internet est courante et les jeux en ligne ont des conséquences non négligeables sur leur croissance », soulignait alors le quotidien comme pour mieux préparer l'opinion aux nouvelles restrictions à venir.

Fin de partie

Sans préciser le calendrier d'application des nouvelles mesures, le régulateur de l'audiovisuel, de l'édition et de la radiodiffusion a annoncé que, d'ici à la fin de l'année, les moins de 18 ans ne pourraient jouer qu'une heure, entre 20 et 21 heures, les vendredi, samedi et dimanche. Et c'est tout… Fini les parties en ligne durant la semaine. Le gouvernement chinois a ainsi inventé le contrôle parental à grande échelle. Pendant les vacances, ce sera une heure par jour maximum. Au cœur de cette nouvelle tourmente, Tencent, le géant chinois de la tech, est tenu pour responsable de la dépendance au jeu dans le pays. L'entreprise tentaculaire est un mélange de Facebook, d'Ubisoft et de Vivendi, détenant l'application Wechat (l'équivalent de WhatsApp en Chine), publiant PUBG, League of Legends ou encore Honor of Kings (les jeux en ligne multijoueurs les plus joués en Asie), et dirigeant de nombreux médias. Son chiffre d'affaires de plus de 20 milliards d'euros n'a pas protégé la société qui a été contrainte de mettre son savoir-faire technologique au service des autorités. Jusqu'à présent, les joueurs qui désiraient accéder aux serveurs de jeux devaient présenter une carte d'identité et confirmer leur âge. Cette « sécurité » a été très vite détournée par les plus jeunes qui se servaient d'un document de leurs parents pour jouer. Les nouvelles mesures imposent désormais le recours à un système de reconnaissance faciale qui vérifie que le joueur est bien un adulte. Dans le cas contraire, le jeu est bloqué. Baptisé Midnight Patrol (patrouille de minuit), ce dispositif va sévir de 22 heures à 8 heures.

Reprise en main par Pékin

D'autres pays d'Asie ont le jeu vidéo en ligne de mire. C'est le cas, par exemple, de la Corée du Sud, qui interdit aux mineurs de jouer entre minuit et six heures du matin. C'est la première fois cependant qu'un gouvernement va si loin dans sa lutte contre ce loisir. Cette interdiction drastique intervient alors que Pékin entend bien reprendre en main de nombreux secteurs et entame un nouveau virage étatiste en imposant de plus en plus de normes aux entreprises privées. Fin septembre, par exemple, le répertoire des karaokés, pratique emblématique chinoise, va être expurgé de toutes les chansons jugées illégales par le ministère de la Culture.