Jardin

Faire grimper une liane à fleur dans un arbre, un art subtil

Lorsqu'on lance des lianes à fleurs à l'assaut des arbres du jardin, on obtient généralement des spectacles surprenants. Souvent magnifiques, toujours étonnantes, ces floraisons inattendues ouvrent des perspectives paysagères nouvelles… à des niveaux rarement atteints !

Le mot « liane » n'est pas l'appellation scientifique d'un genre botanique à part entière, mais la description d'un mode de développement commun à des espèces distinctes. Au jardin, c'est une plante grimpante à la réputation sulfureuse : vigoureuse, envahissante, étrangleuse même ! Mais sur un arbre, dont la mort signifiait invariablement aussi la sienne, la liane sait réguler sa croissance selon la capacité qu'il aura à la supporter. Faire grimper une liane dans un arbre, c'est donc un peu la remettre à sa place.

À l'assaut !

À l'état naturel, la liane est généralement un végétal à croissance rapide et à tiges souples, qui se sert d'un arbre ou d'un arbuste pour atteindre en hauteur la lumière qu'il ne reçoit pas au sol. Qu'elle grimpe en s'enroulant autour de son support, ou en utilisant des crampons, des ventouses ou des épines « grappins », la liane n'est pas un parasite et il est rare qu'elle devienne véritablement étouffante. Même lorsque les tiges se lignifient et durcissent, elles restent assez souples pour s'adapter au grossissement du tronc.

Un usage dévoyé

Dans le jardin, on réserve prudemment les lianes aux supports artificiels solides (pergola, treille, arche…). Il est vrai que sans l'ombrage porté par un arbre, la liane fait le plein de lumière, ce qui démultiplie sa croissance et sa vigueur. Le jardinier est alors obligé de surveiller et circonscrire son développement avec inquiétude et empressement. À l'inverse, sous l'ombrage naturel d'un arbre, la croissance de la liane n'est pas aussi vigoureuse.

Quelles grimpantes ?

Toutes les lianes à fleurs peuvent être utilisées. Les lianes légères ou annuelles (ipomées, clématites, cobées, akébias…) sont mieux indiquées pour les arbustes. La bignone, une costaude, est à utiliser sur des grands arbres. La glycine est à privilégier sous la forme Wisteria venusta, la moins vigoureuse.

Pourquoi associer ?

Les lianes permettent de fleurir la ramure des arbres avec une floraison extérieure s'épanouissant sur la surface du feuillage ou tombant en cascades. À l'intérieur de l'arbre, seules les tiges et les feuilles se développent. On distingue plusieurs cas de figure. La floraison incongrue consiste à fleurir un arbre qui ne fleurit pas ou alors très discrètement : les conifères mais aussi les chênes, hêtres, oliviers, bouleaux et saules. La floraison concomitante a lieu lorsque la floraison de l'arbre et celle de la liane se produisent en même temps, le but recherché étant l'association des couleurs. Il faut pour cela connaître précisément les périodes de floraison. Enfin, lorsque la floraison de la liane intervient après celle de l'arbre ou de l'arbuste, pour une remontée florale inattendue, notamment pour redonner un peu d'éclat aux arbustes ayant fleuri trop vite au printemps (forsythia, lilas, cognassier du Japon), on parle de floraison décalée.

Des précautions nécessaires

Afin d'éviter une installation trop lente, on plante une liane au pied d'un arbre âgé d'une dizaine d'années, dont l'ombrage n'est pas encore trop dense. Il faut lui préparer un trou conséquent à environ un mètre du tronc, avec un mélange humifère et nourrissant. Un tuteur planté en biais permet de guider la liane vers le tronc. Il faut également lui prévoir un arrosage spécifique car la concurrence des racines est sérieuse en début de croissance.

Un peu d'attention !

Il ne faut pas hésiter, à grands coups de sécateurs, à réguler la croissance des lianes lorsque celles-ci se montrent trop vigoureuses, notamment lorsque l'arbre est encore jeune.

Benoit Charbonneau