ChatGPT démystifié, comment 700 millions de personnes utilisent vraiment l'IA au quotidien

Une étude inédite d'OpenAI et d'universitaires de Harvard et Duke révèle comment 700 millions de personnes utilisent réellement ChatGPT. Surprise : l'outil sert davantage de conseiller personnel que d'assistant professionnel, et sa valeur économique provient moins de l'exécution de tâches que de l'aide à la décision.

Une équipe de chercheurs d'OpenAI, Harvard et Duke University vient de publier la première étude approfondie sur l'utilisation réelle de ChatGPT, révélant comment 700 millions de personnes interagissent quotidiennement avec l'intelligence artificielle générative. Le document, intitulé « How People Use ChatGPT », s'appuie sur l'analyse automatisée et anonymisée de millions de onversations entre mai 2024 et juillet 2025, offrant un éclairage inédit sur ce phénomène technologique sans précédent. Lancé en novembre 2022, ChatGPT a atteint en moins de trois ans une adoption représentant environ 10% de la population adulte mondiale, avec plus de 2,5 milliards de messages envoyés chaque jour, soit environ 29 000 messages par seconde.

Une adoption sans équivalent

L'ascension de ChatGPT constitue un phénomène d'adoption technologique sans équivalent dans l'histoire. En novembre 2022, OpenAI lançait son chatbot comme une simple « preview de recherche ». Moins de trois ans plus tard, l'outil compte 700 millions d'utilisateurs actifs hebdomadaires. Les chercheurs ont découvert que cette croissance exponentielle s'accompagne d'une démocratisation remarquable. L'écart de genre, initialement marqué avec 80 % d'utilisateurs masculins dans les premiers mois, s'est pratiquement résorbé : en juin 2025, les utilisateurs ayant des prénoms typiquement féminins sont même légèrement majoritaires. Plus surprenant encore, la croissance la plus rapide s'observe désormais dans les pays à revenus faibles et moyens, où l'adoption a explosé entre mai 2024 et mai 2025, suggérant que l'IA générative pourrait contribuer à réduire certaines fractures numériques plutôt qu'à les creuser.

Une éclairage nouveau

Mais la véritable surprise de l'étude concerne la nature des usages. Alors que les analyses économiques se focalisaient sur l'impact de l'IA sur la productivité au travail, les données révèlent que 73 % des messages envoyés à ChatGPT en juin 2025 n'ont aucun rapport avec l'activité professionnelle - contre seulement 53 % un an plus tôt. L'analyse fine des conversations dévoile trois grandes catégories d'usage qui représentent près de 80 % de toutes les interactions. Les « conseils pratiques » arrivent en tête avec 29 % des messages : tutoriels personnalisés, plans d'entraînement sur mesure, idées créatives pour des projets personnels. La « recherche d'information » suit avec 24 %, ChatGPT servant de moteur de recherche conversationnel pour des faits, des événements actuels ou des recettes de cuisine. L'écriture, enfin, mobilise 24 % des conversations, mais contrairement aux idées reçues, il s'agit majoritairement de modifier des textes existants - corrections, traductions, reformulations - plutôt que de création pure. À l'inverse, la programmation informatique ne représente que 4,2 % des usages, et les interactions de type « compagnonnage émotionnel » à peine 2 %, battant en brèche certains fantasmes sur l'utilisation de l'IA.

L'omniconseiller

Dans le contexte professionnel, cette dynamique se traduit par une domination écrasante de deux activités : l'écriture et l'aide à la décision. L'écriture représente 40 % de tous les messages professionnels, mais il s'agit là encore majoritairement d'amélioration de textes existants - reformulation d'emails, révision de rapports, traduction de documents - plutôt que de création ex nihilo. Les professions intellectuelles et techniques affichent des taux d'usage professionnel nettement supérieurs : 57 % pour les métiers de l'informatique, 50 % pour le management et le business, contre seulement 40 % pour les emplois non-cadres. Ces observations s'alignent avec d'autres analyses récentes qui conceptualisent l'IA comme un « copilote » augmentant la capacité de résolution de problèmes plutôt que comme un simple automate exécutant des tâches répétitives.