S'il y a mille et une façons d'envisager son rôle de père, les souvenirs que l'on en garde sont précieux et en disent long sur l'intimité que l'on construit avec son enfant. Aujourd'hui, les papas se la racontent dans notre micro-trottoir...
Être père, c'est l'histoire de toute une vie. Un parcours semé d'embûches mais aussi de moments d'exaltation et de fous rires. Alors que tous les papas seront à l'honneur le 18 juin prochain, nous vous proposons quelques témoignages extraits de notre micro-trottoir sur l'amour paternel. Des souvenirs cocasses, touchants ou plus graves, qui révèlent qu'être père ne s'apprend pas, mais se vit au jour le jour...
Devenir papa
Après la naissance, nombreux sont les pères qui se sentent désemparés. Ne sachant pas comment agir avec ce bébé qui semble si fragile, ils préfèrent se tenir à l'écart et faire confiance à leur entourage et à leur compagne. Didier, père de quatre enfants, en a fait l'expérience avec son premier né : « À cette époque, je n'étais pas encore un père très expérimenté... J'étais en train de m'occuper de mon fils qui avait 1 an. Je travaillais beaucoup et, à cette période où il était très proche de sa mère, passer du temps avec lui me remplissait de joie. Un jour, je lui changeais la couche en chantant à tue-tête Que je t'aime de Johnny Hallyday. Il gazouillait et, à ce moment précis, bien que je ne sois pas encore rompu à l'exercice de la toilette, je me sentais particulièrement actif et impliqué dans mon rôle de père. Alors que je m'affairais entre les cotons et les lingettes, j'ai soudainement senti un jet d'urine m'asperger le visage. Mon fils venait de me faire pipi en pleine figure. Mon Que je t'aime s'est transformé en cris de détresse et de panique. Ma femme et mon frère ont du accourir pour m'aider à terminer l'opération. »
Accompagner la découverte
Les premières années, tous les parents ont la chance de pouvoir accompagner pas à pas chacune des découvertes de leur bambin face au monde. Apprendre à marcher, puis à lire, à compter ou à faire ses lacets sont des exemples d'apprentissages communs qui marquent différentes étapes de l'évolution d'un enfant. Raoul, 50 ans, nous raconte l'expérience d'un déménagement : « Ma fille est née à Paris mais, à cause de mon travail, nous sommes partis en province lorsqu'elle avait 3 ans. Nous nous sommes installés dans une petite ville du sud de la France, au beau milieu d'une nature sauvage qu'elle ne connaissait pas. Jusqu'alors, elle n'avait vu que les pigeons et la pelouse rase des parcs parisiens. Un jour, nous sommes allés nous balader dans les prés. En pleine campagne, elle se sentait empêtrée. Elle avait peur de ces herbes aussi grandes qu'elle, et y évoluait comme un jeune chat. Craintive, elle levait les pieds très haut et marchait lentement, par grandes enjambées, en essayant d'éviter les fourrées. Nous avons vu une mante religieuse, et elle s'est mise à hurler en croyant qu'il s'agissait d'un monstre. Ce jour-là, je l'ai prise par la main et nous avons couru tous les deux dans le maquis. Nous avons roulé sur les pentes des collines, puis je lui ai appris à grimper aux arbres, à faire du vélo sur les chemins caillouteux, à nager dans les lacs et à voir dans la vie une certaine liberté. Aujourd'hui, elle est adulte, elle voyage beaucoup et s'aventure en terres inconnues sans aucune réserve. »
Père et fils à la fois
Devenir papa s'inscrit également dans une généalogie du lien filial. Plusieurs hommes ont évoqué cet aspect de la paternité dans nos interviews. À 43 ans, Cyril nous confie : « Un bébé ça ne parle pas, alors, lorsque j'étais inquiet, je demandais à mon propre père comment faire. Il est toujours très présent. Je crois que devenir grand-père a renforcé notre lien et lui a permis de se re-dynamiser. Ensemble, nous avons pu construire des liens familiaux plus étendus. En même temps, c'est aussi quand je suis devenu papa que j'ai demandé à mes parents qu'ils arrêtent de me dire quoi faire, car j'avais à cœur de me responsabiliser. » À l'inverse, Dominique n'a jamais été très proche de ses parents, et son choix de s'investir à 200 % dans ses études de médecine, puis dans sa carrière, ne lui a pas permis de profiter pleinement de ses enfants en bas âge. « Quand mon père est mort, j'ai réalisé avec amertume que je ne le connaissais qu'en surface et que j'avais passé trop peu de temps avec lui. Après son décès, j'ai pris la mesure de l'importance de me rendre plus disponible et de mieux communiquer ma tendresse à mes propres enfants. »