Parents divorcés ou absents peuvent rendre les fêtes familiales difficiles à vivre. Afin de ne laisser aucun enfant de côté, certains professeurs préfèrent déroger à la tradition des cadeaux de fête des Mères.
Colliers de nouilles, empreintes de mains et pots à crayon en pâte à sel sont autant de présents fabriqués avec maladresse mais amour en classe et fièrement rapportés à la maison pour les fêtes des Mères et des Pères. Sauf que ces travaux manuels ne sont pas forcément au goût de tout le monde…
De la fête au cauchemar
Alors que la fête des Mères est synonyme d'amour et de réjouissances pour bon nombre de familles, pour d'autres, au contraire, c'est au mieux un jour comme un autre et, au pire, une date douloureuse que l'on préférerait oublier. Comment pourrait-on avoir envie de célébrer sa maman lorsque celle-ci est absente ? Pourquoi faire semblant de témoigner de l'affection à une belle-mère avec laquelle on ne s'entend pas vraiment ? Difficile également de se réjouir de cette date symbolique lorsque l'être aimé est décédé… Et puis, il y a aussi tous les cas de divorce, de séparation, de famille recomposée ou encore de famille homoparentale qui rendent la célébration de cet événement délicat.
Des cadeaux polémiques
En de telles circonstances, les heures de travaux manuels imposées à l'école pour confectionner les fameux présents de la fête des Mères (ou des Pères d'ailleurs) peuvent vite devenir un calvaire. Regarder les autres écoliers être heureux, jouer la comédie et afficher un sourire de façade pour ressembler aux autres, offrir un cadeau obligatoire à une femme qui ne nous aime pas ou entasser ceux qu'on aurait aimé donner à une mère absente… Les enseignants sont de plus en plus conscients de cette gêne !
Si la simple prise en compte de la diversité des situations familiales peut suffire à remettre en cause la tradition des colliers de nouilles, d'autres motifs font encore un peu plus pencher la balance. Tandis que certains professeurs refusent que l'école soit envahie par des célébrations commerciales, d'autres mettent l'accent sur le manque d'intérêt pédagogique de ces ateliers et sur le manque de temps à y consacrer.
Boycott ou alternative
Bon nombre d'enseignants refusent donc tout bonnement de se prêter à ce rituel. Mais alors que cette activité n'entre pas dans le programme scolaire et dépend de la seule volonté du professeur, la décision de boycotter les fêtes des Mères et des Pères ne passe pas toujours bien auprès des familles. En 2014, c'est par voie de presse que des parents ont fait part de leur division sur le sujet lorsque l'école d'Allinges, en Haute-Savoie, et les écoles publiques d'Angoulins, en Charente-Maritime, ont annoncé qu'elles ne réaliseraient pas de cadeaux en classe. Un établissement belge situé dans la région de Bruxelles a carrément reçu des mails comportant des menaces de mort et des insultes après avoir pris une position similaire en 2017 !
Pour ménager les sensibilités de chacun, certains enseignants préfèrent dès lors opter pour une célébration commune, permettant des moments ludiques sans stigmatiser personne. En 2013, une école du Var a ainsi remplacé les fêtes des Mères et des Pères par une seule « fête des parents ». Donnant une définition encore plus large à l'événement, des maîtresses de l'école de Prignac-et-Marcamps, aux environs de Bordeaux, ont préparé « la fête des gens que l'on aime » en 2016. Aurez-vous droit à votre collier de nouilles au mois de mai ? Rien n'est donc moins sûr…