On ne les remarque pas toujours mais ils sont pourtant de plus en plus nombreux, là, derrière la poussette, au parc ou à la sortie de l'école. Les pères célibataires, souvent oubliés par la société, font aussi partie des familles monoparentales.
En trente ans, le schéma type de la famille s'est plus que transformé. Divorce, abandon du domicile, décès ou incapacité à s'occuper des enfants, les foyers monoparentaux représentent aujourd'hui 1,5 million de familles en France. Si, la plupart du temps, ce sont les mères qui assurent le rôle parental, on oublie bien souvent que les papas solos sont aussi nombreux. Tantôt considérés comme des héros modernes, tantôt marginalisés par la société, ces nouveaux pères essaient, parfois tant bien que mal, d'assumer leur mission. Décryptage d'un phénomène qui a bousculé les codes de la paternité…
De plus en plus nombreux
Si les mères représentent la grande majorité des familles monoparentales, le nombre de pères élevant seuls leurs enfants est en constante augmentation, que ce soit en garde à plein-temps ou partagée. On estime ainsi aujourd'hui que les hommes qui possèdent la garde intégrale de leurs enfants représentent 15 à 20 % des familles françaises, soit quelque 240 000 papas solos.
S'ils restent bien sûr encore minoritaires, ce nombre a plus que doublé en l'espace de vingt ans, selon une étude de la Direction de la recherche, des études, de l'évaluation et des statistiques (Drees) parue en 2014. Dans 86 % des situations monoparentales, les pères se retrouvent seuls à la suite d'une séparation ou d'un divorce. Dans d'autres cas, il s'agit d'un veuvage ou de la naissance d'un enfant au sein d'un couple qui ne cohabite pas.
Une vie sociale en berne
Il n'empêche que, même s'ils ne sont qu'une minorité, ces papas solos rencontrent, au quotidien, les mêmes difficultés que les mères célibataires. Agnès Martial, anthropologue spécialiste de la paternité, a mené il y a quelques années, une vaste enquête sur le sujet en se basant sur les témoignages de 24 pères isolés. Résultat, les hommes connaissent les mêmes craintes et les mêmes obstacles que les femmes : « Les pères à la tête de foyers monoparentaux partagent, malgré la diversité des situations, un fréquent isolement relationnel et un fort investissement dans leur rôle de parent à temps plein ».
Pas facile en effet de mener de front son rôle de papa et une vie sociale épanouie. Et que dire des relations amoureuses ! « Certains de ces pères n'ont aucune vie amoureuse, se sentant trop isolés, indisponibles, dans une situation qui ne leur permet pas de rencontrer un nouveau partenaire. D'autres conjuguent un état de célibataire à quelques aventures, voire à une relation régulière hors de la vie familiale ».
Une carrière professionnelle impactée
De la même façon, beaucoup de pères célibataires doivent adapter leur vie professionnelle à leurs nouvelles contraintes familiales. Selon la Drees toujours, ces hommes sont moins actifs et plus souvent au chômage que les autres. Beaucoup finissent pas arrêter de travailler pour s'occuper de leurs enfants et vivent grâce aux aides sociales. Pour les autres, qui parviennent tant bien que mal à jongler entre leur emploi et la maison, les concessions ont parfois du mal à passer auprès des employeurs.
Dans une société toujours plus masculine, difficile en effet de s'absenter pour un père lorsqu'un enfant est malade, d'aménager ses horaires ou de se libérer lorsque la nounou est indisponible car les clichés ont encore la vie dure. Eh oui, être un papa solo, c'est aussi devoir faire face au regard des autres et encaisser les remarques parfois blessantes...