Les eaux de luxe, une mode à prix d'or

Issues des glaciers, des icebergs ou de sources pures et reculées, les eaux en bouteille de luxe suscitent l'engouement sur les réseaux sociaux et auprès de certains consommateurs… sans que cette popularité soit forcément justifiée. On fait le point.

Venues des quatre coins du monde, les eaux de luxe se démocratisent et gagnent en popularité auprès du grand public. Autrefois réservées à une clientèle triée sur le volet, disponibles dans les restaurants étoilés et épiceries fines, on les retrouve désormais dans les circuits de la grande distribution. Facturées d'une dizaine jusqu'à une centaine d'euros par bouteille, elles sont réputées avoir tous les mérites. Si elles vantent des vertus santé supérieures, un goût plus délicat et une pureté inégalée, ces promesses tiennent cependant davantage du storytelling à but marketing que de qualités avérées. Décryptage.

Une saveur subtile

Parmi les principaux arguments de vente des eaux de luxe, les marques mettent en avant la finesse et la supériorité de leur saveur. Or, si l'eau du robinet peut, selon les localités, présenter un goût chloré désagréable, les eaux minérales et de source classiques vendues à prix ordinaire en supermarché s'en tirent honorablement. En effet, si les sommeliers de l'eau et quelques palais particulièrement exercés sont capables de faire la différence, plusieurs tests consommateurs à l'aveugle ont conclu que l'immense majorité de la population ne parvenait pas à les distinguer des eaux de luxe. Il est donc possible de déguster une eau à la saveur agréable et unique sans pour autant se ruiner.

Des bienfaits présumés

Plus pures et vierges de toute pollution causée par les activités humaines, les eaux de luxe auraient des vertus régénératrices exceptionnelles… qui sont loin d'être avérées. En effet, nul besoin de dépenser une fortune pour tirer parti des très nombreux bienfaits de l'eau : meilleure circulation sanguine, effet belle peau, élimination des toxines, perte de poids, réduction du risque de blessures lors de la pratique sportive, coup de boost, vivacité intellectuelle… Il vous suffit d'en boire au moins 1,5 l par jour, qu'elle vienne du robinet ou d'une bouteille ! Et si des eaux minérales peuvent être recommandées selon les besoins spécifiques de certains individus (par exemple, pauvres en sels minéraux pour les personnes souffrant d'hypertension ou au contraire, fortement minéralisées pour les sportifs), celles vendues en supermarché font parfaitement l'affaire.

Un lourd impact écologique

Antarctique, Argentine, Hawaï, mont Fuji, Amazonie, contreforts de l'Himalaya… les eaux de luxe évoquent le plus souvent des paysages lointains et fantasmés, renvoyant à une nature vierge, pure, sauvage et intacte. Or, ironie du sort, c'est précisément le fait de prélever de l'eau dans ces coins reculés, ce qui les dégrade peu à peu et nuit à leur environnement. Une véritable aberration écologique, alors que l'approvisionnement en eau devient une problématique de plus en plus préoccupante et que les climatologues avertissent déjà de possibles conflits liés à cette ressource si précieuse dans les années à venir. De plus, les émissions de gaz à effet de serre liées au transport de ces eaux lointaines engendrent un bilan carbone catastrophique. Une pollution d'autant plus regrettable et inutile que de nombreuses eaux de source locales françaises sont réputées pour leur qualité.

Un écrin luxueux

Parmi les eaux de luxe, nombreuses sont celles conditionnées dans des bouteilles en verre travaillées, voire ornées de cristaux, certes très esthétiques mais aussi très onéreuses. Une part importante du prix est donc imputée au contenant et non à l'eau elle-même. Notre conseil : achetez plutôt une jolie bouteille réutilisable et remplissez-la dès que vous en avez besoin.