Connaissez-vous vraiment l'art des bonnes manières ? Alors que le réveillon de Noël invite à mettre les petits plats dans les grands, on se penche sur les règles de bienséance pour un festin sans impair, du dressage de la table à l'accueil des invités, et de l'apéritif au dessert.
L'étiquette désigne les nombreux codes tacites qui régissent les comportements en société. Mais qui les dicte ? Ne nous leurrons pas, la plupart viennent d'en haut : des mondanités de la haute bourgeoisie ou, plus loin encore, de l'aristocratie, dès l'époque du Roi Soleil. Et bien qu'il soit désormais rare que l'on s'offusque si le pain est coupé au couteau, il reste de bon ton de connaître certaines règles selon les tables auxquelles on est convié...
Plaisir d'offrir
Il est en effet encouragé de ne pas arriver les mains vides lorsqu'on est invité, mais il ne faut pas non plus encombrer votre hôte. Un bouquet de fleurs ? Bien vu, mais dans « la haute », celles-ci sont davantage livrées avant le dîner pour des questions pratiques ou après, en guise de remerciement. Autrement, offrir des biens consommables (chocolats, biscuits, thé) est toujours une manière appropriée de marquer votre attention. Quant à la ponctualité, veillez à respecter le quart d'heure de politesse, une spécificité française qui veut que l'on arrive à l'heure… 15 minutes après l'horaire indiqué.
Joie de recevoir
L'étiquette est encore plus stricte lorsque vous recevez, à commencer par le dressage de la table. À la française, les couverts sont placés selon leur ordre d'utilisation, de l'extérieur vers l'intérieur de l'assiette : les fourchettes à sa gauche, dents contre la nappe (une tradition ancienne pour montrer les armoiries gravées au dos), et à droite, les couteaux et les cuillères, lame vers l'assiette ou dos contre la table. Les verres, en haut à droite, forment une ligne diagonale, du plus grand (le verre à eau) au plus petit. Tandis qu'en haut à gauche, on dépose une petite assiette pour le pain : c'est plus chic et ça ne salit pas la nappe. Bon courage pour glisser votre déco !
Ce que parler veut dire
Une fois les invités accueillis et promptement débarrassés de leurs affaires, vient l'heure de la conversation. Pour résumer, le rôle de l'hôte consiste à rythmer et encadrer la soirée : favoriser les échanges entre les convives, couper court avec adresse à une conversation déplacée, etc. Ainsi, à table, le repas ne débute que lorsque la maîtresse de maison (selon les termes un brin désuet des manuels de savoir-vivre) commence à manger. Par ailleurs, un hôte distingué ne souhaitera jamais bon appétit – cela revient à parler à vos invités de leur digestion – mais plutôt un bon repas, une bonne dégustation ou... rien du tout !
Par le menu
Certains commandements sont immuables, comme celui de ne pas mettre les coudes sur la table, de ne pas souffler sur votre assiette, de ne pas faire de bruit en mangeant ou bien de ne pas saler un plat sans y avoir goûté – sacrilège, pensez-vous la maîtresse de maison incapable d'assaisonner ? Selon les mets qui sont servis, le repas est en fait un vrai terrain miné. Saviez-vous par exemple que la salade ne se coupe pas ? On la plie si besoin avec un petit morceau de pain – qui, si vous avez suivi, se trouve à gauche de votre assiette. A contrario, le foie gras, couramment au menu en cette fin d'année, ne se tartine pas comme du pâté ! L'étiquette veut que l'on fasse honneur à ce mets d'exception en le consommant à la fourchette ou sur un toast prévu à cet effet.
Fin de partie
À l'heure du fromage, choisissez bien vos morceaux (2 à 3 maximum), car le plateau ne fait qu'un tour. Traditionnellement, il s'agit du seul plat qui n'a pas été préparé par votre hôte : se resservir signifierait donc que le repas n'a pas su vous combler. À l'inverse, il est possible de ne pas prendre de part de dessert sans vexer : c'est bien dommage pour la bûche mais, d'après l'étiquette, il s'agit du seul plat que l'on est censé pouvoir refuser. On peut en revanche trinquer entre invités, ne serait-ce que pour avoir survécu à ce dîner sans commettre d'impairs… à condition de se regarder dans les yeux, et sans croiser !


