Alors que plus de 10 millions de maisons individuelles sont bâties sur des sols argileux, le nombre de sinistres explose et les propriétaires se retrouvent démunis. Pour éviter le pire, certaines précautions de construction doivent être respectées. Explications.
Environ 48 % du territoire français est exposé au retrait-gonflement des argiles, d'après l'enquête nationale de 2021. Cela représente plus de 10,4 millions d'habitations individuelles soumises à un risque moyen ou fort. Dans ces régions, le sol a tendance à se tasser de façon irrégulière en raison du manque d'eau lors des périodes de sécheresse, ce qui provoque des déformations en surface… jusqu'à ce que l'argile gonfle avec le retour de la pluie. Des fissurations de façades aux distorsions des portes et fenêtres, en passant par la dislocation des dallages et des cloisons, la rupture des canalisations enterrées, voire l'affaissement des terrasses, les effets peuvent être dévastateurs. Pour l'éviter, il est impératif d'adapter ses méthodes constructives.
Une étude préalable du sol
Vous projetez de faire construire votre maison en terrain argileux ? Depuis 2020, la loi Élan impose au vendeur de faire réaliser une étude géotechnique préalable (dite G1) dans les zones d'exposition moyenne ou forte. Ce document, valable 30 ans, doit être remis à l'acheteur en étant annexé à la promesse de vente dans le cadre de la cession d'un terrain constructible et communiqué au constructeur avant toute conclusion d'un contrat de construction.
Pour savoir si la parcelle que vous convoitez est concernée, vous pouvez vous rendre sur le portail officiel Georisques.gouv.fr qui recense tous les risques naturels et technologiques de France. Il suffit d'indiquer votre département et votre commune d'habitation pour obtenir sa classification. Sachez qu'une grande partie des régions Occitanie, Nouvelle-Aquitaine et Paca sont en aléa fort, tandis que le Centre-Val-de-Loire, la Bourgogne-Franche-Comté, l'Île-de-France et certains départements du Nord et de l'Est ont une exposition moyenne.
Des consignes réglementaires
Une fois les risques caractérisés, l'acheteur doit en tenir compte. La législation a mis en place des techniques particulières de construction afin d'adapter les bâtiments au phénomène du retrait-gonflement des argiles. Le ministère de la Transition écologique explique qu'il faut réaliser des fondations plus profondes que d'ordinaire – au moins 1,20 mètre en zone d'exposition forte et 0,80 mètre pour une exposition moyenne –, avec des méthodes adéquates comme des micro-pieux, des pieux vissés, du béton armé coulé en continu ou encore des semelles filantes ou ponctuelles. De même, le bâtiment doit être rigidifié à l'aide de chaînages horizontaux et verticaux, ainsi qu'en posant des linteaux au-dessus des ouvertures.
D'autre part, la loi interdit les sous-sols partiels dans ce type de configuration et impose la réalisation d'un joint de rupture pour séparer deux bâtiments mitoyens. Pour limiter les variations de la teneur en eau du terrain, il convient également d'imperméabiliser la surface du sol autour de la maison, d'utiliser des canalisations en matériaux souples et de garder de bonnes distances avec les arbres ou d'opter pour un écran anti-racines.
Une étude sur mesure
Mais ces prescriptions généralistes ne suffiront peut-être pas face aux spécificités de votre terrain… Pour aller plus loin, l'acheteur peut donc choisir de faire réaliser une étude géotechnique de conception (dite G2), à ses frais (entre 1 500 € et 2 500 €), afin d'élaborer un projet de construction sur mesure. Le bureau d'études proposera alors des solutions constructives adaptées à la nature du sol et allant souvent au-delà de la réglementation. En matière de fondations par exemple, les professionnels recommandent fréquemment des profondeurs plus importantes, de l'ordre de 1,50 m à 2 m, en raison du dessèchement de plus en plus étendu du sol, ce qui s'accompagne évidemment d'une hausse de la facture du chantier… Attention donc à en tenir compte au moment de budgétiser votre projet.
Quid d'une maison existante ?
Vous avez acheté une maison édifiée sur une zone argileuse avant 2020 et vous vous inquiétez de futurs dégâts potentiels ? Une fois le risque d'exposition confirmé, vous pouvez prendre les devants en envisageant des travaux de confortement. L'objectif sera avant tout de renforcer vos fondations. Cela peut se faire en injectant de la résine pour combler les vides et stabiliser le terrain, en ajoutant des micropieux aux semelles existantes ou encore en mettant les fondations à nu pour couler des plots de béton armé.
Si vous avez déjà subi des dommages, des techniques « réparatrices » peuvent être proposées en complément. Pour stabiliser les fissures, les pros utilisent par exemple des agrafes métalliques. Il est aussi possible d'intégrer des chaînages pour rigidifier la structure.