Ne vous fiez pas à sa réputation poussiéreuse de légume tout juste bon à garnir le poulet. Les innombrables variétés de navet rivalisent de saveurs sucrées et de chair fondante. Facile et rapide à cultiver, tout le secret est de savoir en étaler les semis, en sélectionner les bonnes variétés de saison, pour en profiter du printemps jusqu'au… printemps.
C'est étonnant comme il y a beaucoup plus de navets sur les écrans que dans les potagers. Il y est pourtant bien moins cher à produire et reste à l'affiche toute l'année, à condition d'avoir pris soin d'étaler les semis du printemps à la fin de l'été. D'autant qu'il est possible, selon les variétés, de le conserver durant tout l'hiver. À chaque saison donc, son navet.
Cru ou cuit, du goût !
Le navet (Brassica napus) est un légume-racine, très proche cousin du radis, avec qui il partage des saveurs analogues quand on le mange cru. Mais sa chair est trop roborative pour être mangée telle quelle. On la râpe donc, pour agrémenter les salades, qu'il rehausse malicieusement de son goût à peine piquant. Lorsqu'il est cuit, changement de ton. Il prend une saveur sucrée que l'on peut exacerber par un glaçage discret.
La pleine terre ou rien
On ne sème pas le navet, qui ne supporte pas le repiquage, autrement qu'en semis direct. Dans des sillons d'un centimètre de profondeur, on dispose une graine tous les cinq centimètres avant de les recouvrir et d'arroser. Au besoin, on éclaircira si certains plants sont trop serrés. Pour une question de rapidité de germination et de croissance, il vaut mieux attendre le redoux de la mi-mars pour s'y mettre.
Au printemps
Pour faire ces premiers semis de printemps, jusqu'en avril, on sélectionne des variétés hâtives et rustiques, bien adaptées à la culture printanière : « d'Auvergne hâtif », à consommer jeune, « de Nancy à collet rouge », « de Milan blanc », « Market Express F1 », il y en a beaucoup. Ils pourront être récoltés dès le début du mois de mai et même avant si on aime qu'ils soient fermes et croquants, jusqu'au début de l'été.
Pour l'été
De mai à juillet, il faut se tourner vers des variétés d'été, plus aptes à supporter la chaleur : « Blanc Globe à collet violet », « des Vertus marteaux », dont la forme oblongue n'est pas sans rappeler le radis, ou, encore lui, « de Nancy à collet rouge ». Attention aux altises durant la période estivale : n'hésitez pas à arroser le feuillage pour les faire fuir ou à cultiver sous un voile anti-insecte.
La collection automne hiver
D'août à septembre, avec les mêmes précautions anti-altises, semez des variétés d'automne, dont les qualités de conservation vous permettront de les stocker à l'abri de l'humidité et de la lumière durant presque tout l'hiver : « Blanc dur d'hiver », « Bency », « Noir long de Calluire », « Demi-long de Croissy » et, tiens donc… « de Nancy à collet rouge » ! Vous pourrez les laisser en terre jusqu'aux premières gelées, avant de les récolter et les entreposer dans la cave ou dans un silo enterré.
Un pour tous ou tous pour un ?
Vous l'aurez compris, une variété permet de faire tous les semis de la saison. Vous y perdrez sans doute en subtilités de saveur, mais vous y gagnerez en simplicité. À l'inverse, vous pouvez aussi mélanger les variétés au moment du semis, de manière à obtenir des récoltes aléatoirement colorées
Un illustre connaisseur
Quatre-vingt-treize, c'est le nombre exact de recette à bases de navet, qu'Alexandre Dumas, fin gourmet notoire, répertorie dans son « Grand Dictionnaire de Cuisine », entre muscat et nèfle. Il y a donc de quoi faire…