Les jardiniers confinés ces dernières semaines ont eu tout le loisir de s'occuper de leur jardin, ce qui tombe plutôt bien car au printemps, tout pousse et il y a donc beaucoup de travail. En revanche, les déchetteries étant fermées, la gestion des déchets verts a dû se faire « en interne ». Une habitude à garder.
Un mal pour un bien. Voilà ce que l'on peut espérer tirer de cette mortifère crise du coronavirus, en jardinage comme dans le reste des secteurs de la société. De nouvelles pratiques, devenues nécessaires par la mise en place du confinement, se révèlent vertueuses et ouvrent grand les yeux de nombre d'entre nous. Ainsi en est-il de la gestion des déchets verts dans le jardin. Faute de déchetterie, il a bien fallu les gérer, ou plutôt les recycler et les valoriser soi-même. Et le jardinier, contraint et forcé, découvrit, stupéfait, que ses déchets étaient en réalité de précieuses ressources.
Une filière insoupçonnée
Durant tout le confinement, les déchetteries ont fermé leurs portes. Il n'était donc plus possible pour le jardinier d'aller les engorger en y déversant les résidus de ses tailles, tontes et autres arrachages de mauvaises herbes. Faute de ce puits sans fond bien pratique, il a été contraint de gérer ses déchets verts « in situ ». Heureusement, la plupart d'entre eux peuvent se valoriser.
Gérer la tonte
La tonte est difficile à gérer du fait de sa propension à se putréfier lorsqu'on la met en tas. Il convient d'aborder sa valorisation avec méthode. Telle quelle, elle peut être utilisée en paillage au pied des plantes, dans la limite de trois centimètres d'épaisseur afin d'éviter la fermentation. Riche en azote, elle est rapidement décomposée par la pédofaune et rendue assimilable pour les plantes. Elle peut également être mise au tas de compost, à condition que celui-ci fasse au moins le même volume que la quantité d'herbe apportée, et de bien la mélanger avec une fourche à celui-ci. Il s'ensuivra une montée en température propice à accélérer la maturation du tas et à stériliser les éventuelles graines indésirables. Plus rapidement, elle peut aussi être étalée et laissée telle quelle en andains (tas triangulaires de 30 cm en tous sens) au pied des grillages où elle empêchera l'herbe de pousser. Une fois séchée, elle pourra éventuellement être récupérée pour servir de paillage épais (10 cm). Enfin, les permaculteurs le savent bien, c'est une matière azotée très utile à la confection des buttes ou des cultures en lasagnes.
Gérer les tailles
La gestion des résidus de taille diffère selon le diamètre des branches. Les petites tailles de fins rameaux peuvent être utilisées telles quelles en paillage (5 cm) ou dans le compost. Les tailles plus grosses, jusqu'à un centimètre, peuvent être broyées avec la tondeuse et utilisées également en paillage. Il est aussi possible de les placer en l'état en paillage grossier après les avoir écrasées sur place au pied des arbustes. Il s'agit du BreF, le bois raméal entassé foulé. Les tailles de diamètre plus important peuvent être débitées en petits tronçons avec un sécateur pour en faire du paillage, ou bien détaillées afin de séparer les branches fines (à utiliser comme indiqué ci-dessus) et les branches charpentières qui pourront être utilisées dans la cheminée ou le barbecue. Selon leur diamètre et leur longueur, les branches, à l'image des chaumes de bambou, peuvent servir de rames ou de tuteurs dans le potager. Plus original et très pratique, on peut également les entasser dans le sens de la longueur entre des piquets, de manière à former des palissades occultantes.
Et les mauvaises herbes ?
Arrachez les adventices avant qu'elles n'aient monté en graines, de manière à pouvoir les utiliser en paillage ou les incorporer au compost.