L'abricot et la prune font partie d'une même famille, celle des prunus. À ce titre, certains horticulteurs ont réussi à les croiser pour obtenir l'abricot-prune, un fruit hybride étonnant qui, au-delà de son originalité déroutante, apporte quelques intérêts au jardinier. Notamment celui de rendre la délicate culture de l'abricot plus accessible dans les régions froides et humides.
La nature n'étant pas avare de facétie, elle est capable de croiser les espèces qui sont génétiquement compatibles. En retour, pour nommer ces chimères, l'homme n'en est pas moins avare de substantifs eux-mêmes fortement hybridés. Mais seul un anglophone saura apprécier les nuances d'hybridations possibles entre la prune et l'abricot : plumcot, pluot et aprium. Un mariage heureux qui se célèbre dans le jardin, pour le meilleur et pour le pire.
Mamma mia !
À l'origine était le biricoccolo : un hybride naturel ancien, issu du croisement spontané entre un prunier myrobolan et un abricotier sauvage. Cultivé depuis des siècles dans la péninsule italienne, on le trouve dans le commerce sous l'appellation d'abricot-noir ou abricot du pape. Il a l'aspect d'une grosse prune rouge foncée et la peau veloutée de l'abricot. La chair se révèle juteuse, douce et parfumée, offrant un équilibre subtil entre la rondeur sucrée de l'abricot et la vivacité de la prune.
La main de l'Homme
Vinrent ensuite les obtentions artificielles, venues d'outre-Atlantique au début du vingtième siècle. Le plumcot, hybride de première génération, composé de 50 % d'abricot et 50 % de prune ; le pluot, issu de l'hybridation de générations ultérieures contenant 60 % de prune et 40 % d'abricot ; et l'aprium, hybride à dominante d'abricot composé de 70 % d'abricot et 30 % de prune. Pour bien comprendre cette étrange nomenclature, il faut savoir qu'en anglais prune se dit « plum » et abricot se dit « apricot ». La récolte de ces arbres s'étale de juin à septembre selon les variétés.
Un riche héritage
Tout l'intérêt de ces croisements est d'obtenir des fruits ayant gardé, de près ou de loin, le goût de l'abricot, produit par un arbre doté de la rusticité et de la vigueur du prunier. En effet, ces arbres résistent à des températures de l'ordre de - 20 °C, avec une floraison tardive beaucoup plus résistante au gel printanier. Ils supportent mieux les climats froids et humides, les saisons courtes et les maladies, cryptogamiques comme la terrible moniliose, ou bactériennes comme le pseudomonas. Il est un fait que ces arbres requièrent peu, voire pas de traitements préventifs et sont plus faciles à cultiver en dehors de la zone géographique habituelle de l'abricotier.
Quelques inconvénients
La plupart des variétés ne sont pas autofertiles et nécessitent la présence d'un abricotier, d'un prunier, ou plus sûrement, d'un autre hybride du même acabit. Les fruits ne se conservent que quelques jours à température ambiante et supportent mal la manipulation et le transport. Pour une conservation prolongée, la congélation après dénoyautage reste la meilleure option.
Qui pour porter la greffe ?
Selon la nature du sol, ces arbres sont greffés sur des porte-greffes de prunier, principalement le myrobolan ou le Saint Julien. Le premier offre une vigueur forte et s'adapte à tous types de sols, tandis que le second convient particulièrement aux sols argileux et humides.


