Dans sa jolie maison de campagne où il se rend tous les étés, M. H. a planté un cerisier « Burlat ». Un très mauvais choix de variété car il n'en verra jamais, hélas, le moindre fruit. Erreur fatale !
Tout l'art de la culture du cerisier (Prunus avium) repose en grande partie sur une solide connaissance des caractéristiques variétales. En effet, hormis quelques cultivars autofertiles (« Summit », « griotte de Montmorency »), dont les fleurs sont capables de se féconder entre elles, la plupart nécessitent une pollinisation croisée entre deux variétés distinctes. Il faut donc planter les arbres par deux, à moins de trente mètres de distance, afin qu'ils puissent, par le truchement des insectes butineurs, se polliniser l'un l'autre.
Un spectre large
Heureusement pour M. H., le cerisier « hâtif de Burlat » est pollinisé par une grande partie des variétés couramment répandues dans les jardins : « Van », « Napoléon », « Reverchon », « Géant d'Hedelfingen »... Bien qu'il n'ait pu planter, faute de place dans son jardin, qu'un seul individu, il y a fort à parier que le cerisier du voisin, quelle qu'en soit la variété, parvienne à le polliniser et le faire fructifier. C'est donc a priori un bon choix.
Après l'heure, ce n'est plus l'heure !
Mais c'est sans compter sur le fait que, comme son nom l'indique, le « hâtif de Burlat » est l'un des premiers cerisiers à parvenir à maturité. Ses cerises sont généralement bonnes à être cueillies entre la fin mai et la mi-mars, parfois même un peu plus tôt, selon les conditions météorologiques. Quoi ? Une mise à fruit au mois de juin, alors que le propriétaire ne prend ses quartiers d'été qu'à partir du mois de juillet ? Vous l'aurez compris, quand M. H. arrive dans sa résidence secondaire, les cerises sont tombées au sol depuis belle lurette. Comment aurait-il fallu faire ? Planter un cerisier de la variété « Géant d'Hedelfingen » ou « Bigarreau Sweatheart Sumtare » dont la mise à fruit se fait dans le courant du mois de juillet.